Le Tahoma Reefer, un cargo réfrigéré de 102 m de long a été volé le 11 mai par une bande armée puis remorqué vers le large par 2 bateaux de pêche. Son sort est inconnu à ce jour.
Le Tahoma Reefer était au mouillage depuis le début de l’année dans une zone d’attente près du chenal d’accès au port de Monrovia. Il avait été victime d’un incendie le 11 août 2006 en y arrivant. Cet incendie avait été neutralisé par un remorqueur polyvalent de la flotte des Nations-Unies qui était sur place pour aider à remettre en état et en service les infrastructures portuaires. Le Tahoma Reefer a été par la suite remorqué et mis à quai. Au début de l’année, les autorités du port ont ordonné au propriétaire estonien ELS Trans, (4 Adala tn, Tallin Estonie)* de libérer les quais, le Tahoma Reefer présentant des risques pour la sécurité portuaire.
Le navire a donc été mis au mouillage à l’extérieur et revendu il y a 2 mois à un propriétaire bulgare qui aurait eu l’intention de le remorquer, de le faire réparer en Italie et de le revendre.
Or le Tahoma Reefer, en fait, a été vendu en l’état 283 dollars la tonne pour une démolition annoncée en Inde. En cohérence avec cette information publiée dans le bulletin n°6 “à la casse.com**” de Robin des Bois, la banque de donnée Equasis regroupant les informations sur les navires de commerce dans le cadre des conventions maritimes internationales dit que le Tahoma Reefer n’a plus le statut de navire (status of ship : dead), donc plus de certificat de navigation depuis septembre 2006. Le Tahoma Reefer est en outre exclu du registre international des navires depuis le 5 mai 2007.
Robin des bois voit dans ce piratage une démonstration nouvelle du manque de traçabilité des navires en fin de vie, s’étonne qu’un navire dépourvu de certificat de navigation et sans assurance, vendu en septembre pour la démolition en Inde par un armateur estonien, puisse rester à l’ancre au large de Monrovia pendant plusieurs mois, et être revendu à un propriétaire bulgare, pour être aux dernières nouvelles volé (avec 200 tonnes de fuel à bord selon les informations en provenance de Monrovia).
L’affaire du Tahoma Reefer éclaire le problème des abandons de navire ou de la revente de navires sans papiers en Afrique ou en Asie. L’Union Européenne a une bonne part de responsabilités : elle accepte que des armateurs européens immatriculent des navires-poubelles sous pavillon de complaisance (le Tahoma Reefer était sous pavillon St Vincent et Grenadines); quand ces navires sont régulièrement détenus dans ses ports***, elle les laisse partir vers des horizons non contrôlés au lieu d’assumer sur place leur démolition.
*L’Estonie est déjà impliquée dans le scandale du Probo Koala et des déchets toxiques débarqués à Abidjan en Côte d’Ivoire en été 2006.
**A la Casse.Com n°6 (page 17 du document PDF)
***Le Tahoma Reefer a été détenu à Anvers 14 jours en novembre 2004. Il avait 48 déficiences dont plusieurs concernant la sécurité incendie.
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