Le prestigieux quotidien du monde maritime, le Lloyd’s List, vient de décerner ses récompenses pour l’année 2012. Le prix du meilleur équipage a été attribué à celui du Costa Concordia.
Pour sa part l’ONG Robin des Bois honore les plus méritants de la communauté maritime d’un nouveau prix que personne ne souhaite recevoir, le prix Alcatraz. Le prix Alcatraz du Marin peut être attribué à un acteur du monde maritime qui par ses actions ou inactions condamne des marins à la malnutrition, à l’isolement et à l’expatriation. Pour 2012, il est conjointement attribué au port de Chennai en Inde et à la Corée du Sud pour leurs premiers rôles dans la glauque affaire de l’OSM Arena. L’article 99 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer interdit le transport d’esclaves à bord des navires mais il n’empêche pas de traiter les marins comme des esclaves.
L’OSM Arena est une prison. Janvier 2012 © Bijoy Ghosh
En janvier 2010, l’OSM Arena, 190 m, vraquier construit en 1985 au Japon, battant pavillon de la Corée du Sud, arrive dans le port de Chennai au sud de l’Inde, près de Pondichéry. Sur décision des tribunaux indiens, l’OSM Arena est saisi, tous matériels confondus, coque, 400 t de fioul et équipage. L’armateur sud-coréen est compromis dans plusieurs litiges commerciaux concernant des marchandises transportées et des créances impayées.
En décembre 2010, l’administration du port de Chennai ordonne au navire de se mettre à l’ancre au large du port ; les frais de quai ne sont pas payés, ils s’élèvent à 93.000 roupies par jour (1400 €).
En juillet 2011, l’équipage de l’OSM Arena est relevé ; la plupart des marins sont dans un état inquiétant en raison de la malnutrition et de la déshydratation. L’équipage est remplacé par 12 marins de nationalité birmane.
En décembre 2011, sous l’effet du cyclone Thane, l’OSM Arena dérive et vient s’échouer près de la plage. Deux remorqueurs viennent le tirer d’affaire et le navire est à nouveau mis à l’ancre et au pilori à 2 milles du littoral dans une zone d’attente improvisée à l’extérieur du port de Chennai.
Aujourd’hui, début octobre 2012, le nouvel équipage, malgré l’assistance de l’ITF (International Transport Workers Federation) est à nouveau dans un état sanitaire inquiétant. Le navire reste quant à lui soumis aux risques de cyclones ou d’autres conditions météorologiques défavorables. Le port de Chennai refuse toujours l’accès de l’OSM Arena à ses infrastructures et à ses quais, toujours au motif que le navire n’a pas les moyens de payer les taxes portuaires. Cela fait quatorze mois que le calvaire dure.
Robin des Bois, à l’unanimité, décerne au port de Chennai pour son inhumanité et à la Corée du Sud qui n’a rien fait pour se substituer aux armateurs défaillants établis à Séoul le prix ALCATRAZ du Marin pour l’année 2012.
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