L’ivoire : le retour

2 nov. 1994

Objet : Action des éléphants masqués à l’ambassade d’Afrique du Sud

 

4 ans après l’entrée en vigueur de l’interdiction du commerce international de l’ivoire d’éléphant, l’Afrique du Sud souhaite la reprise de ce commerce, du moins en ce qui concerne ses éléphants. C’est dans le cadre de la IXème réunion de la Convention de Washington* (à Fort Lauderdale en Floride, du 7 au 18 Novembre) que l’Afrique du Sud en fera officiellement la demande.

Tous les pays d’Afrique francophone sont hostiles à cette initiative et l’ont confirmé à l’issue de la réunion tenue à Bangui, le 14 Septembre 1994. Le Parlement européen, dans une résolution adoptée fin Septembre, condamne lui aussi l’attitude du gouvernement sud-africain.

Certains pays de l’Union Européenne estiment cependant qu’il faut “récompenser” l’Afrique du Sud pour la bonne gestion des ses éléphants. Est-on vraiment sûr qu’il s’agit d’une bonne gestion ?

Les éléphants “sud-africains” sont évalués à 10.000 environ et sont enfermés dans le parc Krüger, ce qui empêche les éléphants de migrer comme ils le feraient naturellement vers le Zimbabwe et le Mozambique. Certains détracteurs qualifient le Krüger Park de “Super Thoiry”.

De plus, il est avéré que l’Afrique du Sud est la plate-forme du trafic légal et illégal des produits de la faune sauvage africaine vers Taïwan, Hong-Kong, les Emirats Arabes, le Japon. La réouverture du commerce de l’ivoire sud-africain réactiverait la spéculation sur l’ivoire et le braconnage de l’ensemble des éléphants d’Afrique australe et centrale. La contrebande reprendrait de plus belle.

Pierre Pfeffer, conseiller scientifique de la délégation française à Fort Lauderdale, le confirme :”Tout contrôle des flux de l’ivoire est impossible en Afrique du Sud, d’autant qu’un accord douanier implique la libre circulation des marchandises avec les pays limitrophes”.

Pour marquer leur hostilité au projet sud-africain, les éléphants masqués de Robin des Bois manifestent à l’ambassade d’Afrique du Sud à Paris.

“Pour récompenser l’Afrique du Sud, on s’apprête à punir une espèce entière. L’Afrique du Sud, l’un des premiers producteurs mondiaux d’or, de diamant, de platine, de cobalt, de titane, a d’autres atouts économiques pour assurer son avenir, que l’ivoire” dit-on au siège de l’association.

 

* La Convention de Washington (CITES, en anglais) réglemente le commerce international des espèces de faune et de flore menacées d’extinction. 124 pays sont membres de la Convention. L’annexe I interdit le commerce international des espèces listées ; l’annexe II en autorise le commerce contrôlé. Les éléphants sont inscrits en annexe I depuis l’automne 1989.

 

 

 

 

 

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