Le Khalifeh I, construit en 1954, pavillon des îles Tonga, est de retour au Tréport depuis un mois. Ses dix hommes d’équipage (neuf syriens et un libanais) ne sont pas payés depuis 4 mois et sont abandonnés à leur sort sur un quai de l’oubli à l’abri des vagues de la solidarité. Les vivres vont de nouveau manquer dans quelques jours constatent dans le calme et l’amertume le capitaine et son second. Richard Christopher Otley, l’armateur anglais, installé à Londres, reste muet face aux multiples relances de l’équipage qui pour des raisons administratives est confiné à bord, et pour des raisons financières ne peut informer par téléphone les membres des familles.
Le Khalifeh I avait quitté le Tréport le 27 février 2002 et débarqué 274 moutons à Waterford en Irlande. Les animaux avaient été refoulés du sol français par les services vétérinaires estimant que les certificats sanitaires n’étaient pas complets. Depuis cet épisode, un litige financier est apparu entre le Tréport Stevedoring, agent consignataire du navire, et l’armateur. Aucune information n’est disponible sur la nature, le montant du contentieux et les modalités de la saisie du navire. C’est l’armateur qui a donné l’ordre au Khalifeh I de retourner au Tréport. Les conditions de vie pour les cheptels transportés sont en règle générale très difficiles à bord de ce type de navire mais l’assignation du Khalifeh I à un quai du Tréport montre une fois de plus que les conditions de travail imposées aux équipages peuvent aussi être dénuées d’humanité.
Le retour discret contre toute attente du Khalifeh I, à vide, dans le port du Tréport doit le plus vite possible déclencher un élan de solidarité matérielle et toutes les démarches doivent être entreprises par les autorités françaises et la Fédération Internationale des Syndicats de Transports (ITF) pour dénouer la crise et faire en sorte que l’ensemble de l’équipage constitué de marins aguerris touche dans les meilleurs délais les salaires et avantages auxquels il a droit.
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