De l’or noir dans le bateau-poubelle

9 févr. 2001

Un engin flottant sans nom, sans pavillon, sans classification, s’apprête à quitter en remorque le port de commerce de Brest à destination du Pirée où, selon un refrain désormais bien connu, il devrait être détruit. Pourtant sa longueur -82 m- et le fait qu’il n’ait transporté que du fret agroalimentaire permettrait de le démolir dans un chantier naval breton. Cet engin flottant est arrivé à Brest fin août 2000, à la suite d’une explosion dans la cale qui a déformé les structures du pont. Il s’appellait alors Palatial I, sous pavillon panaméen, et son armateur était espagnol. Revendu à un armateur-ferrailleur grec bien connu dans les ports de la façade atlantique pour racheter et refaire naviguer des rafiots accidentés ou vétustes, le Palatial I est devenu le Han en octobre, arborant le pavillon bolivien. A la suite d’une plainte de l’ambassade de Bolivie en France, il s’est avéré que l’inscription au registre bolivien était un faux et une usurpation. L’ex-navire -au sens du droit maritime international- n’a plus de nom, plus de pavillon, et n’est donc pas en mesure d’effectuer des opérations commerciales.

 

Cependant, depuis le mois d’octobre 2000, il contient 1500 tonnes de matériel de pompage ayant servi au chantier de l’Erika. Ce matériel ne peut être considéré comme inerte. Il est pollué par des encroûtements d’hydrocarbures.
Les panneaux de cale du Han ayant été soudés, les Affaires Maritimes n’ont jamais pu faire une inspection dans des conditions optimales, ni d’examen de la cargaison et des niveaux inférieurs de l’ex-navire. Le Palatial I a été racheté par son nouveau propriétaire grec pour la somme de 55.000 FF. La cargaison a une valeur estimée à 1000.000 FF.

 

Robin des Bois et le Collectif citoyen anti marées noires de Saint-Nazaire et du Littoral dénoncent l’irresponsabilité de Total et de ses sous-traitants, qui autorisent le transport de ce fret dans des conditions déplorables; dénoncent les petits arrangements de M. le ministre des Transports qui a, malgré l’avis des Affaires Maritimes locales, donné son accord pour que l’épave soit remorquée avec sa cargaison au mépris du droit maritime, du Mémorandum de Paris, et de la protection de l’environnement marin. S’il ne coule pas avant, l’ex-navire devrait arriver 15 jours après son départ dans le port du Pirée, en Grèce.

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