25 navigants français sont immobilisés dans le port de Cherbourg depuis 6 mois. Ils forment les équipages de la Copamar, un armement spécialisé dans le ravitaillement en carburant des navires dans la grande rade du port de Cherbourg. Les 3 navires nécessaires à ces activités de soutage ne sont plus agréés par Total, chargeur exclusif de la Copamar. Quelques semaines après le naufrage de l’Erika, la compagnie pétrolière a décidé de ne plus utiliser de pétroliers de plus de 25 ans. Les 3 pétroliers de la Copamar sont atteints par la limite d’âge*. Valable sur l’océan mondial, la décision de Total est positive en ce sens qu’elle contribue au renouvellement de la flotte et à la destruction de navires – citernes qui dans le domaine de la sûreté et de la prévention des pollutions dérogent aux prescriptions de la Convention Marpol. Mais, le Fonds International d’Indemnisation de 1992 pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures –Fipol- n’indemnise que les dommages ayant été causés par une contamination. Les marins de la Copamar, victimes indirectes du naufrage de l’Erika, ne peuvent pas présenter de dossier au Fipol.
Appliquée à Cherbourg, sans préavis, sans concertation et sans mesure d’accompagnement, et en l’absence d’initiative du Ministère des Transports, la clause des 25 ans est tombée comme un couperet. La procédure de licenciement collectif aboutira le 18 février.
Pourtant, les activités de soutage ont prouvé en 4 ans leur viabilité économique, alors que le vieillissement de la flotte de la Copamar constitue un handicap technique et financier pour l’entreprise. Elle consacre 25 % de son chiffre d’affaires à la maintenance des navires. La pertinence de l’emplacement de Cherbourg par rapport au trafic de la Mer du Nord et de la Mer Baltique est confirmée. Les capacités naturelles de la grande rade en tant qu’abri sont exploitées.
C’est pourquoi, les activités de soutage doivent reprendre à Cherbourg avec des navires récents, doublées d’un service de récupération des hydrocarbures usagés, en conformité avec la directive européenne sur les installations de réception portuaires des déchets d’exploitation des navires et des résidus de cargaison.
C’est en ce sens que Robin des Bois a écrit le 29 janvier 2001 à M. le Ministre des Transports, Mme la Ministre de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, à M. le Président de Conseil Régional de Basse-Normandie, à M. le député de Cherbourg et à M. le Président de Total-Fina-Elf.
* Le Gatteville a 30 ans
– Le Goury a 25 ans.
– Le Tatihou a 36 ans. Vétéran de la flotte française, ce caboteur d’une capacité de 1000 tonnes, devrait regagner courant mars le port de Bordeaux. Ce voyage n’est pas sans créer de difficultés. De par ses certificats de navigation, le Tatihou ne peut naviguer en haute mer et doit toujours être à moins de 5 heures d’un port refuge.