Brest Métropole Océane est autorisée à réaliser les travaux d’aménagements du port de plaisance du Château de Brest dont une partie des 13 hectares restera sous la tutelle de la Marine Nationale. Cette autorisation fait suite à une enquête publique accompagnée d’une étude d’impact réalisée du 17 juin au 17 juillet 2005. Les analyses produites montraient alors que les niveaux superficiels des vases présentent une contamination en mercure telle que l’immersion des déblais de dragage est incompatible avec le référentiel Géode. Le contaminant pilote est donc le méthylmercure, biodisponible et bioaccumulable pour les organismes marins et humains. Un autre métal, le zinc dépasse les seuils autorisés pour l’immersion.
La contamination de cette zone est accentuée par l’embouchure de la Penfeld et ses eaux chargées par les rejets industriels, urbains et de décharge, par les pollutions opérationnelles des ports militaires et de commerce et par les peintures biocides distillées par les croiseurs de la Marine Nationale qui après avoir servi de brise-lames ont été au bout du compte « océanisés » avant que cette pratique soit interdite par les conventions internationales. Les sédiments de Penfeld et du port de commerce ont été identifiés par Ifremer en 1997 comme les plus pollués en zinc, en plomb, en mercure, en cuivre, en PCB, en benzopyrène et en tributylétain.
Il s’est avéré pendant la première phase de dragage des vases superficielles démarrée en février 2007 et pendant le transport de ces vases dans la zone de remblais des polders que les teneurs en hydrocarbures étaient beaucoup plus fortes qu’annoncées dans l’étude d’impact, se signalant en particulier par des odeurs et des irisations. Il a été démontré pendant cette première phase que d’autres métaux comme le plomb dépassaient les niveaux tolérables pour l’immersion et que les teneurs en hydrocarbures totaux et des Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques étaient nettement supérieures aux teneurs supposées. Même si l’hypothèse d’une récente diminution des rejets polluants pour les métaux et les PCB est retenue – la diminution des rejets d’hydrocarbures n’est pas d’actualité- les opérateurs et les co-responsables du nouveau port du Château dont la Marine Nationale doivent prendre en compte que les couches intermédiaires des sédiments dragués sont généralement plus polluées que les couches supérieures. Les vases sont les archives de la contamination chimique. Or, dans l’étude d’impact initiale, il n’y a aucune analyse de vase entre -30cm et -1,5m.
Dans les jours qui viennent, environ 4.000 m3 de ces vases devraient être refoulés par canalisation dans le périmètre portuaire à une profondeur de 6 à 7 m et à l’intérieur de l’abri rade. Il est prévu dans un 3ème temps de reprendre ces 4.000 m3 de vases à bord de barges et de les claper dans un endroit inconnu de Robin des Bois mais considéré par lui comme inadmissible étant donné la réglementation, les contraintes liées au contrat de baie de la rade de Brest et à la prévention des pollutions de la mer d’Iroise.
L’article 7 de l’arrêté préfectoral dit que l’autorisation de dragage est précaire, révisable et que l’administration peut à tout moment dans un but d’intérêt général la modifier. Compte tenu de cette possibilité réglementaire, et des présomptions fortes sur la contamination des vases concernées par la deuxième phase, Robin des Bois demande donc que les travaux soient officiellement suspendus, que des analyses complémentaires soient réalisées et rendues publiques et qu’enfin qu’au terme de ce processus, les vases de la deuxième phase correspondant à un chiffre annoncé et peut-être sous-estimé d’environ 4.000 t soient stockées et traitées à terre. Quand un opérateur bénéficie d’un budget de 20 millions d’euros et des subventions de l’Etat et de l’Europe, notre avis est qu’il ne doit pas chipoter sur l’intérêt général et ne pas contribuer à la contamination du patrimoine commun maritime et biologique.
Que fait la police de l’eau ?
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