La réduction des immersions des vases portuaires est un élément central de la gestion des ressources marines. Même si ces immersions peuvent apparaître avoir une charge polluante faible par kilo rejeté, les 10.000, 100.000, un million, ou dizaines de millions de tonnes qui sont les ordres de grandeur habituels cumulent des volumes considérables de polluants chimiques et bactériologiques. Les vases sont immergées à quelques milles des côtes les plus proches. L’étain et les hydrocarbures totaux ne sont pas pris en compte dans les études d’impact, sauf exception. De plus, la dissémination des kystes de plancton toxique “ dormant” dans les sédiments dragués n’est jamais prise en compte, alors qu’elle est attestée (cf. “ Dragages et environnement marin ” – Ifremer 1999).
Nantes: l’enquête publique sur l’immersion des déblais de dragage de la Loire dans l’estuaire externe du fleuve met fin à 21 ans de non-conformité. La demande d’autorisation du Port Autonome de Nantes-Saint-Nazaire porte sur 10 millions de m3 par an. Les teneurs en arsenic, chrome, nickel sont fortes. Des pics en mercure sont observés à proximité des Chantiers de l’Atlantique, sur la vasière de Méan. Les analyses de radioactivité sont absentes, alors que les textes réglementaires les recommandent quand les vases sont extraites à l’aval ou à proximité d’installations nucléaires. Les sédiments du site d’immersion -La Lambarde, 5900 hectares- et ceux du chenal sont uniformément contaminés. L’estuaire de la Loire est le plus chargé de la façade atlantique en plomb, cadmium, zinc, cuivre, DDT et hydrocarbures. L’une des justifications des dragages dans l’estuaire est de permettre le départ de tous les méthaniers, par toutes les conditions de marée, en cas de situation d’urgence liée aux risques industriels.
Lorient: Un permis d’immersion de 144.000 m3 de boues de dragage a été demandé par le port de Lorient. Dans le cadre de la procédure réglementaire, une enquête publique s’est déroulée en mairie de Groix du 29 janvier au 13 février 2001, à l’exclusion de Lorient ou de toute autre commune littorale. M. le Préfet du Morbihan a répondu à l’étonnement des “ Amis des chemins de rondes ” et de Robin des Bois que l’ensemble des règles fixées par le décret pertinent ont été respectées. Pourtant, l’article 9 dispose que l’enquête doit avoir lieu dans les communes littorales que le Commissaire du Gouvernement estime les plus directement intéressées, et dans tous les cas dans les communes littorales dont le rivage est situé à moins de 3 milles de la limite de la zone d’immersion. L’enquête publique n’a pourtant pas été élargie à la commune de Ploemeur, située à moins de 3 milles du site de rejet, et Lorient, producteur des déchets, n’a pas à réfléchir sur la gestion des vases. Les dragages entrepris dans la passe Ouest et à Kergroise, et l’immersion des boues près de l’île de Groix ne sont pas conformes à la réglementation en vigueur.
Noirmoutier : Une enquête publique en vue d’autoriser l’immersion de 100.000 m3 de boues de dragages extraites du port de pêche et de plaisance de l’Herbaudière s’était déroulée en début d’année et avait donné lieu à un avis défavorable du Commissaire Enquêteur. La Chambre de Commerce et de l’Industrie de Vendée est revenue à la charge en septembre en présentant un dossier qui prévoit la séparation des fractions de vases les plus polluées, non pas pour les traiter à terre comme le recommande Robin des Bois, mais pour les immerger plus loin, c’est-à-dire près de l’îlot du Pilier. Le reste des vases serait rejeté pour des raisons d’économie par dessus la digue, sur l’estran, au mépris des conchyliculteurs, des paludiers et des usages d’agrément. Le pétitionnaire, qui présente des analyses parcellaires, a profité de cette nouvelle enquête pour retirer du dossier d’impact les passages encombrants sur les teneurs en tributylétain -TBT- et sur les tests d’Ifremer qui montrent l’effet négatif des sédiments toxiques sur le développement embryonnaire des bivalves.
Imprimer cet article