Le Bassin Adour Garonne est-il plus que les autres affecté par un manque de couverture radar. En Haute-Garonne, les lanceurs d’alerte et les vigies de presse sont-ils insensibles aux pollutions par hydrocarbures ou bien la Haute-Garonne est-elle un département de pointe dans la prévention des déversements ?
63 pollutions ont été dénombrées dans le bassin Adour-Garonne réparti entre 6 régions et 25 départements entre janvier 2004 et décembre 2007 grâce à la compilation et à l’analyse de la presse régionale. Le cumul des déversements annoncés comme supérieurs à 100 litres est de 131 tonnes. Le plus important des évènements est l’effondrement du socle d’un bac de stockage de pétrole brut de la Société des Pétroles du Bec d’Ambès. Il est d’autant plus important qu’il est inexpliqué. Il met en lumière les risques de pollution par hydrocarbures dans un estuaire : sous l’action des marées et des renverses, le pétrole a souillé les rives de la Garonne, de la Gironde et même de la Dordogne. La centrale nucléaire de Blaye a dû se mettre en situation défensive face aux risques de colmatage de son système de pompage d’eau de refroidissement.
L’estuaire de la Gironde est le plus grand d’Europe occidentale. Les zones humides et les marais abritent encore des espèces protégées comme les crapauds à couteaux, les tortues cistude, les loutres et accueillent des concentrations importantes d’oiseaux migrateurs. L’accident d’Ambès a justement contaminé des prairies marécageuses et des réseaux de jalles (fossés) riches en biodiversité. Pourtant, le constat commun dans les semaines qui ont suivi l’accident est qu’il n’y a pas eu de dommages pour la faune et la flore elle aussi très diversifiée. Un miracle ? Ou une incapacité à faire des inventaires détaillés s’intéressant à tous les niveaux de biodiversité ?
Dans le bassin de la Garonne comme ailleurs, les effets des pollutions des eaux intérieures sont minimisés : « la pollution n’est que visuelle », « cette micropollution ne réprésente aucun danger pour la faune et la flore » avec en même temps un éclair de lucidité dans le Tarn (81) : « Les usines ont disparu mais les habitudes perdurent : le tout-à-la-rivière est assimilé au tout-à-l’égout ». Faute de centralisation des diverses informations et d’interprétation statistique, les origines, les causes, les conséquences sanitaires et environnementales des pollutions accidentelles des eaux intérieures sont mal identifiées, méconnues et sous-estimées. Il n’y a aucun retour d’expérience et la réduction à la source des pollutions accidentelles des eaux douces n’était pas jusqu’alors une priorité. Il a été acté dans la feuille de route Grenelle « que les pollutions accidentelles des eaux superficielles devront être mieux répertoriées et mieux analysées ». (cf. proposition Robin des Bois sur la lutte contre les pollutions accidentelles des eaux superficielles intérieures)
L’objectif de Robin des Bois est d’introduire une solidarité de gestion technique, écologique et financière des grands bassins fluviaux. Les acteurs, l’opinion publique, les innombrables services de l’Etat chargés de prévenir la pollution des eaux intérieures doivent comprendre qu’une pollution dans l’Ariège (09) ou la Vezère (19) impactera la qualité des eaux dans l’estuaire de la Gironde ; les chasses de barrages, les inondations et les opérations de dragage contribuent à la propagation des pollutions et aux transferts des sédiments contaminés.
Les hydrocarbures se définissent dans le cadre de cet inventaire comme des carburants, lubrifiants ou solvants pétroliers ou comme des produits usagés assimilables à des déchets tels l’huile de vidange. Les irisations, la couleur et dans la plupart des cas les odeurs font qu’en première approche les témoins et les acteurs qualifient les polluants d’hydrocarbures. Ceux-ci peuvent masquer des contaminants plus persistants comme des huiles de transformateurs électriques ou des huiles de coupe industrielles. |
Lien vers le dossier et cartographie Robin des Bois “4 ans de marées noires dans le bassin Adour-Garonne-“
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