Sister-ship de l’Amoco Cadiz, le Haven , immatriculé à Chypre, a explosé et brûlé le 14 avril 1991 dans le golfe de Gênes. Le volume d’hydrocarbures liquides encore contenu par le Haven au moment de son naufrage est mal connu. Selon les évaluations, il serait de “presque rien” à 10.000 tonnes. L’épave, ou plus exactement les épaves, reposeraient par 40 et 400 m de fond. Elles feraient l’objet de contrôles visuels réguliers. Quelques semaines après le naufrage, la capitainerie du port de Gênes disait que plusieurs dizaines de kg de matières goudronneuses s’échappaient chaque jour du pétrolier Haven. Le communiqué italien n’excluait pas que ce phénomène puisse s’intensifier avec la venue de l’été. Une réplique de la marée noire du Haven a eu lieu en automne 91 avec des pollutions des plages du Var et des Alpes-Maritimes qui sont sous les courants du golfe ligure. Le Ministère de l’environnement italien assurait en janvier 2003 que le Haven, en provenance d’Iran, transportait du gas-oil. Ce qui parait très improbable et dément l’information initiale selon laquelle il transportait du brut. Le gas-oil se serait solidifié; une expertise du même tonneau a été servie pour le Prestige, avec le succès que l’on connaît.
Il y a beaucoup d’incertitudes sur l’état du Haven, l’état des hydrocarbures transportés et embarqués (la ou les cargaisons, les lubrifiants, le fuel de propulsion…), et rien en conséquence n’interdit de penser que les pollutions par hydrocarbures inexpliquées qui touchent la Côte d’Azur ont une origine commune: les épaves du Haven.
En conséquence, Robin des Bois demande que dans les plus brefs délais, une coopération franco-italienne soit mise en oeuvre pour identifier l’état des épaves, les fuites éventuelles, l’auréole de pollution sur les sédiments marins.
Des inspections réalisées par le Nautile permettraient sans équivoque de lever les doutes, surtout en été. La Comex, l’entreprise marseillaise spécialisée dans les interventions sous-marines au-delà de 400 m de fond, a réalisé dans les mois qui ont suivi l’accident, des travaux de soudure visant à colmater les cuves dans l’épave la plus accessible.
Au fond des mers, les épaves constituent des sources de pollutions. 50 ans après avoir coulé au large de la Californie, le Jacob Luckenbach a été l’auteur masqué de marées noires inexpliquées entre 1992 et 2001. En France, l’épave du cargo Peter Sif, coulé en 1979 par 60 m de fond, a commencé à fuir en 1998 près de l’île d’Ouessant, amenant la Marine Nationale à récupérer 100 t de fuel de soute.
Si une coopération franco-italienne s’impose, c’est bien pour étudier les épaves du Haven, et si nécessaire les neutraliser par pompage ou renflouement. L’enlèvement des épaves dangereuses pour la sécurité maritime ou l’environnement fait l’objet d’un projet avancé de convention au sein de l’OMI (Organisation Maritime Internationale).