Dans le procès en appel, comme en première instance, Robin des Bois a été la seule partie civile représentée sans assistance d’avocats, témoignant ainsi d’une appropriation complète et collective de l’évènement initial, de ses signes précurseurs et de ses conséquences immédiates et sur le long terme. La plaidoirie de l’association défendue à la barre par son président a insisté sur les carences flagrantes du suivi scientifique et écologique des impacts du désastre Erika sur les ressources halieutiques et les sédiments marins.
Alors que certains secteurs du littoral de la Bretagne nord ont fait l’objet d’un suivi de vingt ans après l’Amoco Cadiz et que vingt ans après l’Exxon Valdez les stigmates de la marée noire persistent sur les côtes d’Alaska et pèsent encore, selon les constats scientifiques, sur plusieurs espèces d’oiseaux, de poissons, de coquillages et de mammifères marins, la marée noire de l’Erika a été lors du procès en première instance considérée comme soldée et assimilée par l’environnement marin, l’estran et le littoral. Le jugement de janvier 2008 consacrait l’analyse téméraire des parties civiles, des scientifiques et de la plupart des organisations non gouvernementales et enterrait les perspectives d’un suivi longitudinal de la catastrophe.
En appel comme en première instance, la relance du suivi de la marée noire de l’Erika a constitué le principal des demandes de Robin des Bois. A cette fin, l’association a demandé à ce que les co-responsables de la marée noire soient conjointement condamnés à lui verser 14 millions d’euros qui seraient immédiatement constitués en un fonds fiduciaire placé sous la responsabilité d’un comité de pilotage intégrant les responsables de la marée noire, les parties civiles, la communauté scientifique et l’Etat. Les fonds recouvrés serviraient exclusivement à assurer le suivi post Erika et à initier des éventuelles actions de restauration. Ces travaux seraient portés à la connaissance de tous les publics intéressés. En déshérence, http://www.suivi-erika.info, nom officiel du site gouvernemental chargé de diffuser les résultats des études de suivi de la marée noire de l’Erika, vient à toutes fins utiles d’être racheté par l’association.
La découverte d’une contamination résiduelle par des hydrocarbures de l’Erika dans la baie de La Baule dévoilée au début du procès en appel par Robin des Bois rappelle que, dix ans après, le sous-produit de raffinage cancérogène est toujours là, errant dans la colonne d’eau, tapi dans les sédiments et dans les lipides des crustacés, des poissons et des oiseaux.
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