Le Rio Tagus a fêté ses 6 ans d’immobilisation à Sète. Il était arrivé le 29 octobre 2010 avec une voie d’eau, une panne moteur et un passif de 9 détentions en 10 ans (cf. A la Casse n°45, p 20).
Jugé impropre à la navigation, abandonné, il s’est détérioré à quai pendant des années. L’été dernier, ses cales remplies d’eau de pluie lui ont fait prendre de la gîte. Elles ont été pompées pour éviter le naufrage.
Après sa vente à un ferrailleur espagnol pour 11.000 € à l’automne − deux options étaient alors prévues : 1) démolition sur place ou 2) démolition en Espagne sous réserve que la sécurité du remorquage soit garantie − le Rio Tagus vient d’être “dépollué”. Le port de Sète pressé de se débarrasser de “l’encombrant” est à la manœuvre. Ce toilettage sommaire a duré 5 jours. Le fioul solidifié a-t-il vraiment été réchauffé et extrait ? Une citerne de 20 m3 semble insuffisante pour contenir tous les liquides pollués à bord du navire. Le Rio Tagus construit en 1979 contient aussi des matériaux amiantés, du PCB et des peintures toxiques.
Rio Tagus, Sète le 4 octobre 2016 – DR
L’épave est en passe de partir pour Vinaròs, entre Barcelone et Valence, à moins que les inspecteurs de sécurité maritime de l’Etat français ne se rendent à la raison et empêchent le départ du convoi à risques.
En effet les remorquages de vieux navires vers les chantiers de démolition se terminent souvent mal, même quand les trajets sont courts. En 2013, le Georg Büchner, ex-Charlesville remorqué pour démolition de Rostock (Allemagne) vers Klaipeda (Lituanie) avait coulé au large de la Pologne. En 2014, le navire-école allemand Emsstrom parti d’Allemagne vers les chantiers de démolition turcs avait coulé devant les côtes anglaises. En 2016, le Benita, rafistolé après un échouage, a coulé moins de 200 km après son départ de l’île Maurice. Remorquer le Rio Tagus sur 500 km jusqu’à Vinaròs serait une imprudence. La Méditerranée n’a pas besoin d’une décharge sous-marine supplémentaire. Le FAS Provence, remorqué vers Aliaga avait coulé au sud de Malte en janvier 2012.
Le Rio Tagus doit être démantelé sur place à Sète, comme l’avait été l’Edoil en 2014.
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