Rattrapées par les ronces, phagocytées par d’autres métiers des déchets, les anciennes Unités d’Incinération des Ordures Ménagères sont fermées et se terrent.
Ouvertes entre 1970 et 1991 et fermées entre 1982 et 2003, ces 14 usines ont brûlé dans le Morbihan, en Ille-et-Vilaine, en Côtes-d’Armor et dans le Finistère plus ou moins 2 millions de tonnes de déchets et généré plus de 600.000 tonnes de mâchefers et de cendres chargés en substances toxiques et dispersés pour leur quasi-totalité dans les milieux naturels de proximité: carrières, marais, parcelles attenant aux incinérateurs, remblais de proximité, fausse décharge contrôlée.
Pendant leur exploitation, ces antiquités de l’incinération ne faisaient pas de distinction entre les ordures ménagères, les déchets agricoles, les déchets industriels, les déchets de garage et d’activités sanitaires. Les contrôles à l’entrée des sites étaient inexistants. Les systèmes d’épuration des fumées étaient primitifs ou en mauvais état de maintenance. La gestion hebdomadaire ou même journalière des fours était pénalisante pour l’environnement et nuisait à la qualité des résidus de combustion. Le passif environnemental de ces installations n’a jamais été analysé d’une manière homogène et consciencieuse.
Il y a 2 ans, Robin des Bois a entrepris des recherches administratives et documentaires systématiques tendant à réaliser un inventaire complet de tous les incinérateurs fermés et souvent oubliés. Sur l’ensemble du territoire français, ils sont environ 300 à ce jour. A la suite de la publication en février 2003 du 1er inventaire régional de Robin des Bois -celui de la région Rhône-Alpes- les pouvoirs publics ont lancé une réflexion et un groupe de travail sur les protocoles de démantèlement et de diagnostic des pollutions. Il est d’ores et déjà acquis que les détenteurs des sites devront prendre en compte le périmètre immédiat, le périmètre proche, et le périmètre lointain susceptible d’être touchés par les migrations aquatiques, atmosphériques ou éoliennes des polluants. Le transfert ou la mise en sécurité définitive des stocks de déchets de combustion constitue l’un des principaux enjeux. Le repérage assorti de restriction d’usage des sols contaminés par les retombées des fumées de ces anciens incinérateurs en constitue un autre. Une inquiétude émergente à cet égard concerne les teneurs en dioxines des oeufs de poule élevées en plein air dans les élevages ou les basses-cours sous le vent des ex-incinérateurs.
A l’image des autres régions, la Bretagne a opposé, sauf exception comme à Tinteniac (35), bien des résistances réticences à l’initiative de Robin des Bois. Le panorama breton est à l’unisson de l’ensemble du pays. Les rares mémoires de fermeture sont incomplets ou complaisants. Quand elles sont réalisées, les reconversions sont des masques et des superpositions d’activités liées aux déchets. A Ploufragan (22), le Smictom des Châtelets a transformé son incinérateur fermé en 1999 en broyeur d’Ordures Ménagères brutes et producteur de “compost” à destination des agriculteurs.
14 petits incinérateurs fermés en Bretagne : Plougoulm (29), Le Faouet (56), Nivillac (56), Pleumeur-Bodou (22), Pleumeur-Gautier (22), Bréhat (22), Plouisy (22), Ploufragan (22), Yffiniac (22), Broons (22), Redon (35), Baguer-Pican (35), Tinténiac (35), Cesson-Sévigné (35).
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