Robin des Bois est favorable à une interdiction totale et irréversible de l’incorporation des farines de viande et d’os dans l’alimentation de tous les animaux d’élevage, de compagnie, et de captivité. L’instauration d’un moratoire provisoire ouvrirait la porte à des solutions de bricolage, d’attente, voire d’exportation qui augmenteraient les risques de prolifération de déchets sans encadrement technique et juridique. Toute solution provisoire empêcherait la construction d’une filière spécifique englobant la collecte des cadavres, des carcasses d’abattoirs et des matières à risques spécifiés, leur transformation en farines dans les clos d’équarrissage, leur transport vers les sites d’élimination, et leur destruction.
Depuis les premières mesures de retrait édictées en 1996, le provisoire s’est installé dans le durable. Des 140.000 tonnes de farines à haut risque stockées dans des conditions précaires et dispersives, 60.000 tonnes attendent encore d’être détruites.
La collecte par camions non-étanches dans les fermes et les abattoirs génère toujours des fuites de sang et de matières à risque sur le parcours. De nombreux centres de collecte et de transformation en farines ne disposent pas de systèmes de captage des effluents liquides, ni de station d’épuration. Les pollutions de l’environnement et des cours d’eau sont fréquentes.
Le manque d’information et d’équipement des salariés de l’équarrissage compromet la sécurité sanitaire sur les lieux de travail. La concentration des opérations de transformation en farines sur quelques grosses usines amène des matières de plus en plus dégradées, parcourant plusieurs centaines de kilomètres avant d’être traitées.
Les stockages actuels de farines animales favorisent leur dispersion dans l’environnement. Des tas en plein air existent toujours, des hangars non-étanches sont encore utilisés. La pluie, le vent, les animaux sauvages sont autant de vecteurs de transport de ces déchets à risques dans l’environnement et la chaîne alimentaire.
Aujourd’hui l’éventail des installations où les farines animales sont incinérées comprend des usines d’incinération d’ordures ménagères, des incinérateurs de déchets hospitaliers, des incinérateurs de dechets industriels spéciaux, des cimenteries. Des zones de stockage étanches dédiées aux farines animales devront y être construites. L’information des salariés et des populations riveraines devra être systématisée.
Les farines animales à haut risque sont encore assimilées à des déchets industriels banals. Afin de sécuriser leur transport et leur stockage elles doivent maintenant être considérées comme des déchets industriel spéciaux, assimilées à la classe 6 du réglement du transport des matières dangereuses, qui comprend les matières toxiques et infectieuses.
L’extension du service public de l’équarrissage à l’ensemble des farines de viande et d’os, accompagnée d’une garantie de financement public, doit permettre aux équarrisseurs, aux transporteurs et aux incinérateurs d’investir dans la remise à niveau de leurs installations pour la protection de leurs salariés et de l’environnement.
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