Suite au déclenchement de la campagne de Robin des Bois sur les dangers du trafic et de la récupération des traverses traitées à la créosote et retirées des voies, des informations multiples nous parviennent et montrent que la dispersion de ce que l’union Européenne considère comme des déchets dangereux est encore plus importante que ce que nous redoutions.
Les agents de diffusion de ces déchets sont les coopératives agricoles, des équipes de sous-traitants de la SNCF, des voleurs de chantiers de restauration des voies ferrées, des jardineries, des paysagistes et des grossistes internationaux spécialisés dans la vente de bois de récupération traités à la créosote et à l’arsenic.
Les utilisations sont de plus en plus diversifiées et tendent à rentrer à l’intérieur des maisons. Nous notons pour l’instant les bordures de piscines, de jardins et de potagers, les clôtures et murs de traverses en extérieur, les escaliers extérieurs, les bancs de jardins, les terrasses et solarium, les box pour chevaux, les linteaux et charpentes de toitures.
Plusieurs de ces utilisations impliquent des contacts directs et fréquents des usagers dont les enfants et des inhalations chroniques pour ce qui concerne les animaux. Plusieurs de nos informateurs ont repéré dans leur environnement quotidien les odeurs caractéristiques dégagées par ces déchets de récupération. Le marché est porteur et compte tenu des millions de traverses anciennes qui sont déposées chaque années en Europe, le gisement est illimité et envahissant.
Des cheminots font remarquer que les traverses usagées sont aussi polluées par les pulvérisations et les écoulements de pesticides visant à dévégétaliser les voies et les talus ferroviaires.
En conséquence et à titre conservatoire, Robin des Bois vient de demander au ministre de l’écologie, du développement et de l’aménagement durables et aux autres ministères signataires d’abroger l’arrêté du 2 juin 2003 (document en PDF, cliquez ici) qui autorise à titre dérogatoire le recyclage des traverses en énumérant des usages interdits ; cette liste est très dangereuse pour l’ensemble de la population car elle interdit l’usage des traverses dans les jardins publics, ce qui revient à encourager leur usage dans les jardins privés et les paysagistes et décorateurs d’extérieur les revendent à profusion. Le même arrêté proscrit l’utilisation générale des traverses de récupération pour faire des meubles de jardins “tel que des tables” mais l’interdiction en tant que bancs, bordures de piscines ou sols de terrasses n’est pas citée. L’interdiction générale dans les bâtiments “quelles que soient leurs utilisations” n’est pas respectée puisque l’utilisation est conseillée par certains revendeurs pour construire des boxes pour chevaux.
Ces quelques incohérences et détournements démontrent la dangerosité d’un texte réglementaire qui a pour seule vocation de légitimer et de perpétuer la gestion désastreuse de ses déchets dangereux par la SNCF. Quand les traverses usagées arrivent dans les jardins, les maisons, les bâtiments agricoles par l’intermédiaire des paysagistes, jardiniers, décorateurs, entrepreneurs ou aménageurs divers, elles sont banalisées et la traçabilité dûe aux déchets dangereux est définitivement perdue. Au-delà de cette abrogation de l’arrêté, Robin des Voies souhaite qu’un éco-organisme de la qualité de ceux qui existent déjà pour la récupération des lampes ou des pneus usagés soit mis en œuvre pour les traverses et les autres bois traités. L’Ademe et le CTBA (Centre Technique du Bois et de l’Ameublement) y sont favorables.
Enfin, il est indispensable que la SNCF – producteur détenteur des déchets – organise dès maintenant grâce à son réseau de proximité la reprise des traverses dont des particuliers, des exploitants agricoles ou des communes, abusés par le flou ou l’absence d’informations, doivent pour des raisons sanitaires, juridiques et environnementales se défaire. Des producteurs de piles ou de pneus usagés sont contraints de les reprendre dans des stocks dont l’élimination n’a pas été correctement assurée, il est logique que le même processus soit imposé au producteur de traverses usagées.
Exemples d’importation et de réemploi de traverses de chemin de fer
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