En plus de la radioactivité artificielle à vocation militaire, énergétique et médicale et de la radioactivité naturelle d’origine cosmique et tellurique, il y a une 3ème radioactivité mise en œuvre par des industries ou des activités conventionnelles qui n’ont pas pour objectif de produire des éléments radioactifs ou de l’énergie nucléaire.
La 3ème radioactivité est générée par l’exploitation et la combustion des minerais et autres ressources géologiques et naturelles comme l’eau, le pétrole et le gaz. Les procédés industriels d’extraction, de séparation, de traitement, et d’affinage concentrent la radioactivité dans les produits finis à l’exemple des engrais phosphatés ou dans une moindre mesure dans le gaz naturel, mais aussi dans les installations et dans les déchets d’exploitation solides, liquides ou atmosphériques.
Ce sont 2 scientifiques américains de l’université du Texas, Thomas Gesell et Howard Prichard, qui en 1974 ont estimé nécessaire de séparer la radioactivité naturelle de ce qu’ils ont appelé alors la radioactivité naturelle technologiquement renforcée (Technologically Enhanced Naturally Occuring Radioactive Materials, TENORM). L’objectif final est d’aboutir à une réglementation spécifique comprenant la protection des personnes exposées et la gestion des déchets et cohérente avec les activités à vocation nucléaire.
En Europe, de nombreux déclenchements des premières balises de détection de radioactivité à l’entrée des décharges de déchets et de sites de récupération de métaux ont attiré l’attention dès 1990. En 1996, une nouvelle directive Euratom impose aux Etats-membres de repérer et de mettre en sécurité les activités professionnelles impliquant l’emploi ou le stockage de matières ou de résidus non considérés habituellement comme radioactifs et provoquant une augmentation de l’exposition du public et des travailleurs. En mai 2005, un arrêté signé par 4 ministères et l’Autorité de Sûreté Nucléaire a sélectionné 10 activités professionnelles, en conformité avec la directive de 1996. La liste annexée au rapport est considérée comme révisable.
Le travail de Robin des Bois consacré à la radioactivité naturelle technologiquement renforcée s’inscrit dans cette perspective. Il contient beaucoup de surprises. Sait-on par exemple que dans les lagunes de cendres de combustion du charbon il y a de quoi faire plusieurs bombes atomiques du type Hiroshima ? Il y est montré que les syndicats et les branches professionnelles sont le plus souvent dans l’ignorance des nouveaux textes réglementaires et des risques. En France, les points noirs de la radioactivité naturelle technologiquement renforcée, ou au moins ses points d’interrogation, sont la baie de La Rochelle et l’usine de Rhodia, la vallée de la Maurienne, la décharge sous–marine de Péchiney Alcan en face de Cassis, et le gisement d’hydrocarbures de Lacq en Aquitaine. Les activités de fonderie, le traitement et la potabilisation des eaux sont particulièrement intéressés. La vie quotidienne, à travers l’usage et la fabrication des disques de ponçage et des céramiques au zirconium décidément très envahissant n’est pas épargnée par la radioactivité naturelle technologiquement renforcée.
Robin des Bois estime que les déchets concernés doivent être effectivement et explicitement intégrés au projet de loi de programme relative à la gestion des matières et des déchets radioactifs (point 8, article 1er du projet de loi), que l’ensemble des personnes exposées doit être mieux informé et que des solutions originales de stockage et de suivis radiologiques doivent être mises en œuvre.
” La Radioactivité Naturelle Technologiquement Renforcée “, décembre 2005, 198 pages, 462 références bibliographiques, réalisée à la demande de l’Autorité de Sûreté Nucléaire, est désormais disponible sur ce site.
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