Par communiqués des 26 juillet, 10 août et 16 août 2000, ainsi que par courriers ou télécopies du 11 août et du 21 août, confirmés le 15 février 2001 à l’adresse de la SNECMA, co-constructeur des réacteurs, et de M. le ministre des transports, Robin des Bois a demandé des informations sur la présence à bord du Concorde de thorium 232, un radionucléide particulièrement toxique couramment utilisé dans la motorisation et les alliages aéronautiques. Les préoccupations de Robin des Bois s’étendaient aux hydrocarbures, à l’amiante, au pyralène et autres solvants chlorés susceptibles d’avoir pollué les sols et sous-sols à l’endroit du crash. Aucune réponse ne nous a été faite.
Courant juin 2001, un “diagnostic de pollution du crash du Concorde” a été envoyé à Robin des Bois par le ministère de l’environnement. Il en ressort que 20 tonnes de kérosène polluent trois parcelles identifiées (430 m2, 480m2, et 50 m2) situées à côté de l’hôtel détruit, et à l’emplacement des réservoirs d’aile droite et d’aile gauche de l’avion après le crash.
Les hydrocarbures mélangés aux eaux d’extinction et infiltrés dans les terres agricoles surplombant la nappe phréatique de Beauchamp ne peuvent pas être décapés avant la fin des procédures judiciaires engagées, y compris celles qui pourraient l’être en appel. Selon les voeux des magistrats instructeurs, seule une méthode de “venting” (extraction des fractions volatiles et injection d’oxygène dans les sous-sols) pourra être mise en oeuvre dans quelques mois. Les risques de pollution de la nappe par migration des hydrocarbures et polluants associés sous l’action des eaux de pluie sont imminents.
En ce qui concerne la radioactivité résiduelle, les investigations réalisées par l’Office de Protection contre les Rayonnements Ionisants quatre mois après le crash “n’ont pas mis en évidence d’augmentation du niveau moyen de rayonnement habituellement mesuré en Ile-de-France”. “Cinq prélèvements de terre réalisés sur une surface d’environ 100 cm2 et sur 5 cm d’épaisseur n’ont pas permis de déceler une trace de contamination des sols.”
Robin des Bois estime que ce protocole d’investigation est insuffisant et tardif, notamment en ce qui concerne les aérosols diffusés pendant l’incendie. Le thorium 232 allié au magnésium est depuis des décennies employé en aéronautique. A titre d’exemple, la fonderie Messier à Arudy dans les Pyrénées-Atlantiques, spécialisée dans les pièces à usage aéronautique, est détentrice de 13 tonnes de copeaux d’usinage et de crasses contaminés au thorium inscrits à l’inventaire 2000 des déchets radioactifs.
Robin des Bois demande, avant l’éventuelle remise en circulation, que soit divulguée la liste des matériaux toxiques et des substances dangereuses mis en oeuvre dans le Concorde. Cette fiche technique est indispensable à la connaissance des équipages, des passagers, des pompiers, des ferrailleurs-recycleurs, non seulement pour le Concorde, mais aussi pour tous les types d’avions. Enfin, il importe que le site du crash soit inscrit à l’inventaire national des sites pollués.
Imprimer cet article