Dimanche 6 mai, un enfant de 12 ans s’est introduit dans le local du transformateur de l’usine Usmeco, à Conches-en-Ouche dans l’Eure. Cet ex-atelier de traitement de surface des métaux a fait l’objet d’une liquidation judiciaire il y a 11 ans. Malgré les interventions de l’ADEME, il y a encore des matières dangereuses à l’intérieur et les sols sont contaminés par des métaux lourds et des cyanures. Le site n’est pas surveillé et n’est pas protégé contre les intrusions. Selon Robin des Bois il y a de fortes présomptions pour que le transformateur soit contaminé aux PCB (pyralène). Si c’est le cas, il aurait dû être éliminé au plus tard à la fin de l’année 2010. En tout état de cause, il est étrange qu’un transformateur à l’intérieur d’une usine fermée il y a 11 ans ait été sous tension. D’autres transformateurs, dans l’emprise d’Usmeco pourraient avoir été fracturés pour en extraire le cuivre. Le terrain appartient à une SCI proche des anciens dirigeants d’Usmeco. Le site d’Usmeco est inscrit au fichier BASOL. La base de données BASOL liste les sites et sols pollués appelant une action des pouvoirs publics à titre préventif ou curatif.
Lundi 28 mai, un enfant de 13 ans est mort après avoir chuté de la toiture en amiante ciment des ateliers désaffectés et abandonnés de l’entreprise Schocher à Elbeuf dans la Seine-Maritime. Ces bâtiments font partie d’un ancien tissage ouvert à la fin du 19° siècle, converti en manufacture de vêtement de 1947 à 1977 et enfin repris par la société Schocher spécialisée dans la chaudronnerie industrielle. Actuellement les bâtiments appartiendraient à la CREA (Communauté de l’agglomération Rouen Elbeuf Austreberthe). L’une des ambitions de cette structure est de favoriser dans son périmètre la création de logements sociaux sur des sites de régénération urbaine. Le site est inscrit dans l’inventaire BASIAS (Base de données des Anciens Sites Industriels et Activités de Services). La finalité de cet inventaire est de conserver la mémoire des anciens sites industriels pour fournir des informations utiles à la planification urbanistique et à la protection de l’environnement. L’inventaire BASIAS s’intègre dans la politique nationale de gestion des sites et sols pollués.
Ces deux accidents mortels révèlent au grand jour l’insuffisance des dispositifs de sécurité sur les sites pollués, dispositifs physiques empêchant les incursions mais surtout dispositifs d’information à destination des populations, notamment des enfants.
Les risques sont multiples : risques d’intoxication par contact avec des matières dangereuses, de mort par contact avec des équipements électriques, de chute dans des fosses et des trappes cachées, risques d’incendie ou d’effondrement de toiture et de murs dégradés. Les promoteurs spéculent, les aménageurs réfléchissent, les maires et les services de l’Etat ont d’autres chats à fouetter. Les administrateurs judiciaires n’ont pas un sou. Les contentieux s’éternisent. Les finances privées et publiques manquent, l’information préventive est donc inexistante. Des milliers de sites dangereux pour la vie et la santé sont ouverts à tous les vents. C’est la face oubliée de la désindustrialisation.
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