La découverte à Lodève par la DRIRE, en présence de la gendarmerie, de déchets arséniés enfouis sous les emprises de l’ancienne usine à gaz, confirme qu’une dispersion et une dissimulation de produits toxiques a été effectuée en 1978 dans le lodévois. L’évacuation vers la mine d’or de Salsigne des 478 tonnes de Penarsol-super stockées au moulin du Bosc était un leurre. Une partie, peut-être la totalité du stock est restée sur place, ou a été dispersée dans les environs.
La société d’économie mixte Bas-Rhône-Languedoc (BRL), repreneur dans les années 50 de l’usine Penarroya et des déchets arséniés contenus sur le site d’Avène-les-Bains, doit maintenant expliquer dans quelles conditions elle les a fait transporter en 1961 à Lodève, quel suivi du stock a été effectué jusqu’en 1978, et qui a réalisé les travaux de déstockage du moulin du Bosc financés par le Conseil Général de l’Hérault. La présence majoritaire du Conseil Régional du Languedoc-Roussillon et des cinq conseils généraux de la région dans l’actionnariat de BRL devrait faciliter l’établissement de la vérité.
Les services du Conseil Général de l’Hérault et les services de l’Etat ont manqué à leurs responsabilités de contrôle, de suivi des opérations de déstockage et de dépollution:
-en 1986 l’inventaire national des anciens dépôts de déchets industriels publié par le ministère de l’Environnement inscrivait le stock de 478 tonnes de Lodève dans la rubrique des “affaires réglées et en phase de surveillance”, une surveillance aveugle pendant 15 ans.
-en 1990 et en 1992, deux enquêtes menées par la direction des services techniques du Conseil Général de l’Hérault afin d’identifier l’origine des concentrations élevées en arsenic dans les eaux souterraines de la région du lac du Salagou font état de prélèvements d’échantillons sur le site du moulin du Bosc. Selon le rapport transmis par le Conseil Général à la DDASS de l’Hérault, “l’analyse des prélèvements d’enduits verdâtres sur les sols et les murs a identifié essentiellement du cuivre avec présence d’arsenic (le laboratoire de géochimie n’a pas pu nous fournir les valeurs des concentrations).” La “présence” d’arsenic atteint en fait 160 à 220 g par kilo de matière sèche sur plusieurs échantillons analysés en mars 2001. Il reste au moins deux tonnes de déchets arséniés sur le site.
De son côté la Mairie de Lodève pendant 23 ans n’a rien su, n’a rien vu des dépôts dans sa commune, et n’a pas entendu les inquiétudes de ses administrés vivant sur des tas de déchets arséniés au moulin du Bosc, ou à proximité immédiate des terrains de l’usine à gaz, avenue de Montpellier.
Aujourd’hui la filière de l’arsenic dans l’Hérault refait surface dans l’urgence, mais les comptes ne sont pas soldés: un troisième site serait contaminé, à 300m en aval du moulin du Bosc. Une ancienne usine démolie à la fin des années 70 contenait des pesticides arséniés, selon des témoins visuels de la démolition. Ils y seraient toujours, enterrés au bord de la Lergue, à la mode lodévoise.
Robin des Bois rappelle qu’à ce jour aucune offre de relogement décente n’a été proposée aux habitants du moulin du Bosc intoxiqués à l’arsenic. Le Conseil Régional du Languedoc-Roussillon, le Conseil Général de l’Hérault, la Préfecture de l’Hérault, la Mairie de Lodève, BRL, doivent maintenant assumer toutes leurs responsabilités, dépolluer les sites, indemniser et reloger les victimes.
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