La reprise du trafic ferroviaire dans le tunnel sous la Manche illustre d’une manière caricaturale le slogan « nos vies valent mieux que leurs profits ». La prise de conscience collective des risques industriels n’a pas atteint les conseils d’administration d’Eurotunnel, de la SNCF et d’Eurostar UK Ltd. Quelques heures après l’extinction du feu couvant dans le tube nord de l’ouvrage transfrontalier et immergé, les affaires repartent à tout prix. Des questions se posent aussi sur la capacité des syndicats et du Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) à exercer leur devoir d’analyse et de retrait et sur l’autorité du Ministère de l’Ecologie dans le domaine du transport de matières dangereuses et plus largement du suivi des incendies et autres catastrophes technologiques.
Robin des Bois estime que la reprise des activités doit être suspendue aux éléments suivants :
-un bilan de la résistance de l’ensemble de l’ouvrage aux températures supérieures à 1200 ° sur une section d’un km et pendant au moins 24 h.
-la diffusion publique de tous les chargements embarqués à bord des remorques-camions tels qu’ils ont été déclarés.
-la caractérisation des déchets et en particulier des suies, des cendres et des poussières à l’intérieur de l’ensemble de l’ouvrage.
– à titre de précaution, des analyses de la radioactivité ambiante et leur publication.
-la planification des travaux d’évacuation et d’élimination réglementaire des déchets et de restauration de l’ouvrage.
-la vérification du bilan humain de l’évènement, notamment au regard de la présence éventuelle de clandestins.
-la réorganisation de l’information préalable à tous les usagers et le renforcement des exercices grandeur nature et en temps réel.
D’autre part, une réflexion rapide sur l’assujettissement des tunnels routiers et ferroviaires à la doctrine Seveso contenue dans la loi relative à la prévention des risques technologiques et naturels est impérative. La directive Seveso est européenne et, pour ce qui concerne le tunnel sous la Manche, la coopération des services de secours français et anglais doit être renforcée.
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