Note d’information n°1
Les baleines devant la Cour Internationale de Justice
L’Australie se fait porte-parole des baleines en attaquant la « chasse scientifique » japonaise devant la Cour Internationale de Justice de La Haye aux Pays-Bas. Les auditions du dossier « Chasse à la Baleine dans l’Antarctique » (Australie c. Japon ; Nouvelle Zélande intervenant) vont se dérouler pendant 3 semaines. L’arrêt sera rendu d’ici 4 à 8 mois. L’Australie espère que la décision sera prise d’ici 5 mois, avant la prochaine saison de chasse dans l’Océan Austral.
Depuis 1986, le moratoire sur la chasse commerciale à la baleine décidé par la Commission Baleinière Internationale (CBI) est en vigueur. Dès 1987, le Japon a exploité l’article VIII du traité fondateur de la CBI qui autorise la chasse scientifique. Malgré l’établissement par la Commission Baleinière Internationale du sanctuaire baleinier en Antarctique en 1994, le Japon a persévéré dans ses activités. Dans les faits, les expéditions japonaises JARPA I et JARPA II (1) ont chassé dans l’Océan Antarctique plus de 10.000 baleines et la viande a été mise sur le marché intérieur y compris celui des aliments pour chiens.
L’Australie, 29 autres pays et la Commission Européenne se sont opposés en vain par le canal diplomatique aux programmes de chasse scientifique japonais. Depuis 2003, des résolutions de la Commission Baleinière Internationale appellent le Japon à interrompre et à suspendre définitivement ses recherches létales. La flotte baleinière japonaise est vétuste et non-conforme aux normes internationales applicables aux navires opérant dans les eaux polaires. Les baleiniers ne sont pas seulement une menace pour les baleines, ils sont une menace pour la sécurité des équipages et toute la biodiversité antarctique (2).
La science a besoin des baleines vivantes. Les défis de la recherche sont entre autres dans le domaine de l’étude des comportements, de l’impact des pollutions acoustiques ou du rôle positif des mammifères marins dans l’écosystème. Un proverbe japonais dit que « 7 baies tirent bénéfice d’une seule baleine » (en la mangeant), en fait, une seule baleine dans son milieu naturel bénéficie aux générations actuelles et futures grâce à son rôle dans l’écosystème marin tout au long de son cycle de vie (3).
Alors que toutes les voies diplomatiques ont échoué, l’Australie se tourne vers la Cour Internationale de Justice. Son arrêt sera contraignant. Si la Cour se prononce en faveur des baleines, le Japon devra renoncer à ses quotas annuels auto attribués de 850 petits rorquals, 50 rorquals communs et 50 baleines à bosse.
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(1) Le “Programme de recherche japonais sur les baleines de l’Antarctique en vertu de permis spéciaux” (Japanese Whale Research Program under Special Permit in the Antarctic) est connu sous l’acronyme JARPA. La première phase, JARPA I, a débuté durant la saison 1987-1988 et s’est poursuivie durant 18 années jusqu’à la saison 2004-2005. La seconde phase, JARPA II, a débuté en 2005-2006 et est toujours en cours. Le programme est conduit par l’Institut japonais de Recherche sur les Cétacés (Japanese Institute of Cetacean Research) avec des permis de chasse accordés par le gouvernement japonais. Son objectif principal est d’évaluer les populations de baleines. JARPA I était qualifié de « Programme de recherche sur les rorquals de Minke de l’hémisphère Sud et recherche préliminaire sur l’écosystème marin Antarctique ». Les objectifs affichés étaient « l’estimation des paramètres biologiques », « l’élucidation de la gestion des stocks » et « l’examen du rôle des baleines dans l’écosystème et des effets des changements climatiques sur les espèces ». Le programme JARPA II est qualifié de « Surveillance de l’écosystème Antarctique et développement de nouveaux objectifs de gestion des ressources baleinières ». Les objectifs sont notamment « la modélisation de la compétition entre espèces de baleines », « l’élucidation des changements temporels et spatiaux dans la structure des stocks » et « le développement de futurs objectifs par l’amélioration des procédures de gestion du stock de rorquals de Minke de l’Antarctique ». JARPA II cible les rorquals de Minke, les rorquals communs et les baleines à bosse.
Depuis 1994, le Japon conduit également un autre programme de recherche dans le Pacifique Nord-Ouest connu sous l’acronyme JARPN. Le programme était qualifié de « Clarification de la structure du stock de rorquals de Minke dans le Nord-Ouest Pacifique ». Il a été prolongé en 2000 sous le nom de JARPN II avec l’objectif affiché d’étudier l’écologie alimentaire, la structure des stocks et les impacts environnementaux. JARPN II cible les rorquals de Minke, les rorquals de Bryde et les cachalots.
(2) Baleines Nagoya Blabla, communiqué Robin des Bois du 29 octobre 2010
Nisshin Maru : envoyez le à la casse, pas à la chasse, communiqué Robin des Bois du 26 septembre 2012.
(3) « De l’utilité des baleines », rapport Robin des Bois sous pdf. Mise à jour avril 2010.
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