Séance folle hier au Conseil Supérieur de la Prévention des Risques Technologiques (CSPRT) devenu pendant quelques heures le conseil de promotion des risques technologiques.
Pendant cinq heures, les organismes de contrôle de la filière nucléaire – ASN et IRSN* -, les fabricants et exploitants – AREVA et EDF-, les experts du Groupe permanent pour les équipements sous pression nucléaires (GPESPN), de la sous-commission permanente appareils à pression et certains membres du Conseil ont minimisé les risques de rupture brutale de la cuve du réacteur EPR de Flamanville en Normandie dus au surplus de carbone dans l’acier des calottes supérieures et inférieures**.
Ces anomalies dénoncées naguère comme « graves » par l’ASN sont devenues des défauts bénins voire des quasi qualités.
Le trèfle d’or revient à la CFDT dont le représentant, la main sur le cœur, a déclaré « qu’il ne fallait pas sombrer dans la surqualité ». Les millions de personnes directement visées dans leur chair et dans leurs conditions de vie en cas de rupture brutale du futur plus gros réacteur nucléaire occidental apprécieront à juste titre cette incitation au low cost de la part d’un syndicat majeur de la filière nucléaire française.
Les différentes parties prenantes ont maintenu que les essais de ténacité faits sur des cuves « sacrificielles » fabriquées entre 2009 et 2013 étaient représentatifs de la cuve de l’EPR Flamanville fabriquée en 2006 quand les forges du Creusot étaient dans un état de déshérence absolue.
Seule consolation, la proposition d’amendement de la sous-commission permanente sur les appareils à pression recommandant à l’ASN de repousser à 2031 le remplacement du couvercle de la cuve jusqu’alors prévu en 2024 a été rejeté par 16 voix contre 13. Le démarrage de l’EPR est pour le moment envisagé pour la fin de l’année 2018.
Les quatre organisations représentant le public et les consommateurs, Robin des Bois, France Nature Environnement, UFC Que Choisir et le GSIEN (Groupement de Scientifiques pour l’Information sur l’Energie Nucléaire) ont refusé dans un front sans fissure la proposition de démarrage et d’apprentissage de l’EPR avec une cuve défectueuse.
* Autorité de Sûreté Nucléaire et Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire
** Voir à ce sujet le précédent communiqué de Robin des Bois « Kafka dans l’EPR » du 22 juin 2017.
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