Convention sur le Commerce International des Espèces de Faune et de Flore sauvages menacées d’extinction
CITES 2002 – Santiago du Chili, 19 heures
Les demandes d’exportation d’ivoire d’éléphants soumises aux pays membres de la CITES par l’Afrique du Sud (30 tonnes), le Bostwana (20 tonnes) et la Namibie (10 tonnes), viennent d’être acceptées, mais seulement pour l’ivoire déjà sur les étagères ; les demandes de quotas pluriannuels qui devaient suivre ont été retirées ce matin. Ces exportations assorties de conditions ne pourront intervenir que dans 18 mois. Le Zimbabwe s’est vu refuser sa demande d’exportation de 10 tonnes d’ivoire et les populations d’éléphants de la Zambie restent en Annexe I ce qui leur assure une protection intégrale théorique. Ces décisions devraient être définitives, sauf si des Etats souhaitent leurs réexamens en réunion plénière avant la clôture de la 12ème session des Parties de la CITES qui interviendra vendredi. Le Zimbabwe, le Bostwana et la Namibie avaient déjà eu le droit en 1997 d’écouler leurs stocks d’ivoire, pour une première ” vente unique expérimentale” et vers un seul destinataire : le Japon. Les stocks se sont immédiatement reconstitués, discréditant les affirmations des pays demandeurs selon lesquelles cet ivoire provient d’éléphants morts naturellement ou d’abattages de gestion des conflits de territoire avec l’Homme. Les votes ont eu lieu à bulletin secret et certains pays de l’aire de répartition n’ont pas été autorisés à voter pour des problèmes d’accréditation comme le Togo, la République Démocratique du Congo et la Côte-d’Ivoire. Le Sénégal qui ne compte plus qu’une vingtaine d’éléphants a soutenu cette reprise du commerce international de l’ivoire, sans doute sous l’influence du Japon.
La communauté internationale n’a pas pleinement pris en compte les résurgences du braconnage en Afrique et en Inde et la recrudescence des saisies d’ivoire en Europe et en Asie du Sud-Est. Elle n’a pas non plus porté son attention sur les conséquences des troubles politiques et des migrations humaines sur une grande partie du continent africain, incompatible avec la réouverture du commerce international de l’ivoire. Seul le cas flagrant du Zimbabwe a été souligné. Les pays comme le Mali, le Congo et le Kenya qui s’opposaient à toute reprise immédiate du commerce international de l’ivoire au motif que les outils de contrôle du braconnage (MIKE : Monitoring of Illegal Killing of Elephants) et du trafic d’ivoire (ETIS : Elephant Trade Information System) ne sont pas, loin de là, opérationnels, n’ont pas été écoutés. Le signal de la reprise du commerce est donné aux intervenants de la filière de l’ivoire et comme en 1997, les subtilités ivoire sur étagères / ivoire sur éléphants resteront cloîtrées dans l’enceinte diplomatique. L’absence de quotas pluriannuels et le refus des propositions du Zimbabwe et de la Zambie brisent cependant l’enthousiasme de l’Afrique Australe qui devra d’ici la prochaine réunion démontrer ses capacités à contrôler le braconnage et le trafic inter-africain.
L’Union Européenne, toute en reconnaissant qu’une reprise du commerce international de l’ivoire est prématurée, s’est abstenue lors du vote des propositions de l’Afrique du Sud, du Botswana et de la Namibie, permettant ainsi l’approbation de ces demandes. Comme en 1997, la soupe issue des réunions de Bruxelles fait l’affaire des négociants.
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