Les fautes de mauvais goût se réchauffent d’année en année. Depuis une semaine, le réseau des abribus de la RATP expose aux Parisiens et aux visiteurs étrangers l’égérie de la République baignant dans une coupe pleine de caviar. Cette nouvelle promotion d’une conserve d’œufs est tout à fait mal placée. Les esturgeons sont menacés d’extinction. Leurs populations en mer Caspienne ont diminué de 90% en 20 ans. Depuis le 1er avril 1998, le commerce international légal est soumis à des délivrances de permis d’exportation et d’importation. La vente du caviar représente une manne pour les trafiquants et leur entourage. Le commerce légal est estimé à 100 millions de dollars américains par an, le commerce illégal à 10 fois plus. L’habitat des esturgeons est perturbé et pollué par les exploitations de pétrole et de gaz, les rejets des fleuves et les nombreuses friches industrielles toxiques et désaffectées.
Sous couvert d’humour, le marketing caviar, pilier depuis 2 ans des boutiques Gourmet des Galeries Lafayette, fait de l’incitation à la perte de la biodiversité.
La campagne en cours sur les abribus doit s’achever demain pour laisser place à d’autres supports. La RATP, la SNCF, les afficheurs parisiens et les loueurs d’espaces publicitaires doivent montrer qu’ils sont soucieux de l’avenir des esturgeons, et refuser de promouvoir ce que les Galeries Lafayette qualifiaient dans leur courrier de décembre 2001 à Robin des Bois de ” symbole d’une gastronomie sophistiquée et inventive “.
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