Convention sur le Commerce International des Espèces de Faune et de Flore sauvages menacées d’extinction
CITES 2013 – Bangkok, – 17h00 (heure locale – 11h00 à Paris)
Communiqué n°5
Sur 35.000 espèces animales et végétales inscrites aux annexes de la CITES*, seuls 15 poissons figurent à l’Annexe I et 81 à l’Annexe II. Les pêcheries sont stratégiques et politiques. Elles alimentent l’humanité en même temps que les revendications territoriales océaniques. A Bangkok, le thon rouge a malheureusement disparu de tous les écrans de contrôle. En revanche, les requins sont revenus à la charge.
Où sont passés les requins ?
Bangkok 9 mars 2013. Photo CN/Robin des Bois.
Requin-taupe commun (Lamna nasus): la proposition d’inscription à l’Annexe II présentée par l’Union Européenne, le Brésil, les Comores et la Croatie a été acceptée par 93 voix pour, 39 contre et 8 abstentions -2/3 des voix nécessaires. Le vote s’est déroulé à bulletin secret à la demande de la Guinée. Les populations de l’Atlantique du Nord-Est et surtout de Méditerranée sont en danger critique d’extinction. Depuis 2010, la pêche au requin-taupe est fermée dans les eaux de l’Union Européenne ; effet pervers, l’UE a importé en 2010 et 2011 plus de 50 tonnes de viande de requin-taupe pour une valeur de 128.000 euros. Le requin taupe fait partie des 6 espèces utilisées sur le marché mondial des ailerons. La proposition d’inscription en Annexe II avait été rejetée en 2007 à La Haye aux Pays-Bas, et en 2010 à Doha au Qatar à quelques voix près. Le Groenland –Danemark- a d’ores et déjà annoncé qu’il déposerait une réserve si la décision d’inscription est définitivement entérinée en plénière mercredi ou jeudi prochains.
Requin longimane ou océanique (Carcharhinus longimanus): la proposition d’inscription à l’Annexe II du Brésil, de la Colombie et des Etats-Unis a été acceptée (92 voix pour, 42 contre et 8 abstentions). Le vote s’est déroulé à bulletin secret à la demande de la Chine. Comme beaucoup d’autres espèces, les requins océaniques sont capturés « non intentionnellement » par les pêcheries hauturières au thon et à l’espadon. La viande ne se vend pas ; le requin est amputé de son aileron avant d’être rejeté par dessus bord, vivant mais condamné. Les ailerons sont vendus de 35 à 75 euros le kg. Cette proposition avait été rejetée en 2010.
Requin-marteau halicorne (Sphyrna lewini), grand requin-marteau (Sphyrna mokarran) et requin-marteau lisse (Sphyrna zygaena) : la proposition d’inscription à l’Annexe II du Brésil, de la Colombie, du Costa Rica, de l’Union Européenne, de l’Equateur, du Honduras et du Mexique a été acceptée (91 voix pour, 39 voix contre, 8 abstentions). Le vote s’est déroulé à bulletin secret à la demande de la Chine. Les juvéniles fréquentent des écosystèmes côtiers dégradés. Les requins au sommet des chaines trophiques marines sont contaminés par les PCB. Les requins-marteaux sont capturés « non intentionnellement » par les filets maillants et les palangres. Une étude des taux de prises accidentelles par les chalutiers congélateurs industriels européens ciblant les petits poissons pélagiques au large de la Mauritanie a montré que les grands requins-marteaux représentaient 42% des prises accessoires. Sur le marché chinois, les ailerons non transformés de ‘‘Gu Pian’’ se vendent 100 euros/kg. A Doha en 2010, cette proposition avait été rejetée.
L’inscription de 5 espèces de requins à l’Annexe II de la CITES est positive. De nombreuses règlementations nationales et Organisations Régionales de Gestion des Pêches -ORGP- interdisent le découpage des ailerons, le débarquement des espèces vulnérables de requins ou leur transbordement à bord d’autres navires. Elles recommandent aussi leur rejet en mer après l’action de pêche. 70 à 80% des requins sont vivants quand ils sont relâchés. Le double contrôle de la CITES et des ORGP va renforcer l’application des règlementations ou des préconisations antérieures. Ces propositions étaient soutenues par l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation -FAO. Les principaux opposants étaient les pays consommateurs tels la Chine, la Thaïlande, la Corée, le Japon et Singapour.
________________
* Convention sur le commerce des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction.
Imprimer cet article