“A la Trace” n°34, le bulletin de la défaunation

25 oct. 2022

“A la Trace” n°34, le bulletin de la défaunation (pdf, 271 pages – 9,5 Mo)
1854 évènements sourcés, analysés entre le 1er septembre et le 31 décembre 2021.
506 documents iconographiques.
Douze cartes et des archives historiques.

Dans 19 jours, la 19ème session plénière de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) se déroulera à Panama City avec la participation de Robin des Bois, de la Fondation Franz Weber et de la Fondation Brigitte Bardot qui soutiennent “A la Trace”.

Oiseaux

Indonésie, 9 décembre 2021
© FLIGHT

54.000 oiseaux braconnés, piégés, empilés, englués, empoisonnés, ligotés, décapités, plus des milliers de nids de martinet (dits nids d’hirondelle), 6000 chauves-souris et des colonies éradiquées par peur des virus. Le Covid-19 a exacerbé les conflits avec la gent ailée. Les cultivateurs protègent leurs grains avec plus d’âpreté. Les gens des villes réclament des oiseaux chanteurs. L’Union européenne en particulier s’acharne contre les rapaces.

Allemagne, début octobre 2021
© CABS

 

Colombie, mi-novembre 2021 © Policía Metropolitana de Pereira
“Mi casa no es su casa, su casa es el bosque” (Ma maison n’est pas ta maison, ta maison est la forêt).

Les gardes-faune, les polices vertes et les défenseurs des oiseaux sont débordés. Pour un oiseau sauvé, 10 sont passés à travers les mailles de leurs filets. L’ordre de grandeur des oiseaux victimes du trafic entre septembre et décembre 2021 est donc de 500.000.

 

Primates

Thaïlande, 14 septembre 2021
© DNP

Pendant que les scientifiques continuent à évaluer l’intelligence et les comportements sociaux des gorilles, des macaques, des chimpanzés et des bonobos, le monde des singes est assiégé et humilié. Le babouin se vend 13,5 US$/kg sur les marchés et le gorille 35 US$/kg. Les macaques crabiers braconnés en Asie sont expédiés par milliers dans les laboratoires d’expérimentation animale. La viande de brousse, notamment de singe, déferle dans les aéroports européens et américains, dégoulinante, puante et infectieuse.

Un babouin a été capturé, et relâché peint en bleu avec une boîte de conserve autour du cou. Un bébé chimpanzé connu sur les réseaux sociaux sous le nom d’Obama sert d’attraction pour les touristes et expatriés. Des singes exploités dans les circuits touristiques “Amazonas Extremo” mangent des snacks et boivent des sodas avec les touristes en stage de survie. Quand est-ce que les experts vont se pencher sur les déviances de l’intelligence humaine à l’égard des singes ?

Eléphants
Les mois de septembre à décembre 2021 se caractérisent par un braconnage panafricain actif divisé entre défenses fraîches d’éléphanteaux et grosses défenses anciennes. La contrebande internationale a été paralysée par la suspension des corridors logistiques maritimes mais les saisies de 456 kg d’ivoire brut (avec 6 tonnes d’écailles de pangolin) au Vietnam en janvier 2022 et de 6 tonnes d’ivoire brut (avec 29 kg de cornes de rhinocéros et des canines présumées de tigres d’élevage) en Malaisie en juillet 2022 démontrent que le déstockage est en cours et que les “affaires” reprennent. Avec la saisie de 938 kg d’ivoire en novembre 2021 et de 1500 kg en mai 2022, la République Démocratique du Congo confirme son rôle majeur de réservoir d’ivoire brut non déclaré.

La biennale du Covid-19 a mis les éléphants sous tension en Asie. Ils meurent électrocutés dans les clôtures qui protègent les cultures. Les défenses sont parfois découpées et enfouies pour être revendues dans les années à venir. Les champs deviennent des forteresses. Au Bangladesh, plus de 100.000 cultivateurs-squatteurs se sont emparés de 100.000 hectares de forêts qui constituaient les habitats historiques des 200 à 300 éléphants du pays.

Inde, 27 octobre 2021
© Northeast Now

Des prix sur le marché noir :
Venin de serpent : au moins 200.000 US$/kg
Ambre gris (présumé) de cachalots : environ 140.000 US$/kg pour une qualité moyenne
Un éléphant domestique : 136.000 US$
Un faucon vivant : entre 26.000 et 70.000 US$
Corne de rhinocéros : 25.000 US$/kg
Glandes préputiales de chevrotain porte-musc : 21.000 US$/kg
Vessies natatoires de totoaba : 20.000 US$/kg
Une peau d’okapi : 10.000 US$
Ecailles de pangolin : 6250 US$/kg en Chine
Un goura de Victoria vivant : entre 4000 et 16.000 US$ (cf. couverture)
Une peau de léopard : 4775 US$
Une corne d’antilope saïga : 3000 US$
Caviar d’esturgeon : 2550 US$/kg
Ailerons de requin : 1400 US$/kg
Concombres de mer : entre 700 et 2000 US$/kg
Une patte d’ours : 1000 US$
Un hémipénis de varan du Bengale : entre 70 et 270 US$
Un chardonneret élégant au Maroc : entre 17 et 22 US$

Plusieurs saisies à Hong Kong montrent que dans le même conteneur, dans le même camion, dans le même speed boat ou dans le même entrepôt, des produits de luxe font l’objet de contrebande et mélangent l’électronique dernier cri, les ailerons de requin, les nids “d’hirondelle”, les vessies natatoires, les ormeaux, les cigares de Cuba, des sacs Hermès, Gucci, Vuitton authentiques ou de contrefaçon.

La citation choc du n°34 de “A la Trace” : “Nous pensons que nous ne prenons pas la vie des baleines mais que c’est les baleines qui s’offrent à nous pour consolider notre connexion avec l’océan” (un porte-parole de la tribu indienne Makah sur la côte ouest des Etats-Unis d’Amérique).

L’événement exceptionnel et édifiant du n°34 de “A la Trace” : des tortues marines saisies au large de Bali à bord de 3 bateaux de pêche par la Marine indonésienne ont été immédiatement mises dans un bassin de convalescence et certaines d’entre elles ont déféqué des emballages de nouilles instantanées (décembre 2021).

L’objet phare du n°34 de “A la Trace” : un chapeau en feutre ourlé avec de la peau et décoré avec des dents de crocodile.

KAS – Pologne, fin novembre 2021

 

“A la Trace” n°34
https://robindesbois.org/wp-content/uploads/A_LA_TRACE_34.pdf

 

 

 

 

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