Ile d’Yeu
Alors que l’Erika ne s’est pas encore soulagé de la totalité de son fuel lourd toxique, la gestion des déchets de nettoyage de la marée noire pose déjà des problèmes sur le continent, et plus particulièrement dans les îles du Ponant. Les spécificités insulaires, comme les difficultés d’acheminement des déchets et l’absence d’installation spécialisée, ne sont pas prises en compte. Les oiseaux morts englués dans le fuel et les plaques ramassées sur les plages sont autant de nouvelles sources de pollutions qui se retrouvent à la charge des communes sinistrées et entraînent un dérèglement des installations destinées aux déchets ménagers et la création de sites pollués.
Sur l’île d’Yeu, depuis le dimanche 26 décembre 1999, 766 oiseaux mazoutés vivants ont été récupérés sur les plages et envoyés sur le continent pour y être soignés. Il s’agit principalement de guillemots de Troïl (Uria aalge) mais aussi de pingouins Torda (Alca torda) et de fous de Bassan (Morus bassanus). Les centaines de spécimens retrouvés morts englués ou intoxiqués sont envoyés dans des sacs poubelle vers le Centre d’Enfouissement Technique de l’Ile d’Yeu. Cette décharge de classe II exclusivement dédiée aux déchets ménagers et assimilés n’est pas habilitée à recevoir des animaux morts mêlés à des hydrocarbures. Ils devraient être orientés vers des décharges de classe I pour déchets industriels ou vers les incinérateurs les plus proches.
Le fuel ramassé sur les plages de l’Ile d’Yeu de la pointe du But à la plage de Ker-Châlon, a pour exutoire une piscine désaffectée du Centre Technique des Métiers. Cette piscine fissurée à ciel ouvert a autrefois servi de lieu d’exercices pour la plongée sous-marine puis de bassin pour apprendre à nager aux marins et ne bénéficie pas des aménagements spéciaux nécessaires au stockage d’hydrocarbures.
Le magazine trimestriel de Météo France de cet hiver titrait ” Lutte antipollution. Exercice réussi avec Totalfina ! ” : ” Les scénarios de dérive de nappes d’hydrocarbures et d’interventions anti-pollution font parti aujourd’hui de la “panoplie anti-crise ” de Totalfina “. La gestion des déchets de la marée noire et l’anticipation face aux risques de création de sites pollués devra être plus efficace.
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