Le naufrage de l’Explorer près de la péninsule antarctique montre une fois de plus le danger du tourisme de masse et de la navigation au Pôle Sud. Il est déplorable qu’un navire battant pavillon libérien, construit en 1969 ait pu en été austral 2007 trimbaler 91 touristes, 9 responsables d’expédition et 54 membres d’équipage en majorité philippins. Ça fait beaucoup de monde sur un navire de 72 m de long.
En 1989, le Bahia Paraiso, un navire argentin a lui aussi coulé au large de la péninsule antarctique. Deux ans après le naufrage, l’Argentine avec le soutien technique de la compagnie de sauvetage Smit a pompé 150 t de carburant résiduel à l’intérieur de l’épave. Une équipe interdisciplinaire de scientifiques a évalué sur le long terme les conséquences de la marée noire sur l’écosystème marin local, sur les sites de reproduction d’oiseaux de mer et sur l’habitat des phoques et des manchots-Adélie. Sept ans après la marée noire, deux espèces d’oiseaux étaient considérées comme n’ayant pas recouvré leur niveau de référence. Aujourd’hui encore des irisations s’échappent du Bahia Paraiso.
Robin des Bois souhaite que l’armateur de l’Explorer, une agence de tourisme suédoise, et le gestionnaire du navire, la puissante compagnie V Ships (*) basée à Monaco qui gère plus de 900 navires et dont la filiale V Ships Leisure se présente avec 138 navires à passagers comme « le gestionnaire leader sur le secteur du loisir maritime » soient mis en demeure de pomper les carburants et les autres fluides toxiques embarqués à bord de l’Explorer et de suivre sur le long terme l’impact de l’épave et de tous les polluants et macrodéchets sur l’environnement fragile du sanctuaire antarctique. Il serait aussi approprié que le Liberia diligente et publie un rapport d’enquête sur les causes de l’accident. L’hypothèse du renflouement pourrait aussi être envisagée dans le cadre de la Convention de l’Organisation Maritime Internationale sur le renflouement des épaves.
Les instances appropriées pour contraindre les responsables de l’Explorer à contenir, à réparer et à évaluer les dommages écologiques pourraient être le SCAR ( Scientific Committee on the Antarctic Research) et le COMNAP (Council of Managers of National Antarctic Programs) auxquels ce communiqué a été transmis.
(*) Cette information était mentionnée sur la banque de données spécialisée Equasis à 9 h 58 ce matin ; à 15 h elle avait disparu.
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