N°1
Le thonier russe Marginella est immobilisé à Cherbourg depuis juillet 2007. Parti de Kaliningrad (Russie), il se rendait en Afrique du Sud via le Ghana pour pêcher du thon rouge et du thon tropical dans des conditions douteuses du point de vue de la conformité à la réglementation de la CICTA (Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique). Il a été victime en mer du Nord et dans la Manche de départs d’incendie dans le compartiment machines et d’une panne totale de propulsion. Il avait dû être remorqué par l’Abeille Liberté.
Aujourd’hui réduit à l’état d’épave et d’objet à peine flottant, il est envisagé de le laisser partir en remorque pour le port de Klaipeda (Lituanie). La seule destinée possible pour le vieux thonier construit en 1985 est la démolition. Klaipeda est un port de démolition des bateaux de pêche de l’Europe du Nord. Ce voyage d’environ 1700 km à travers des mers fréquentées et dangereuses exposera le Marginella à des risques de naufrage. En conséquence, Robin des Bois souhaite une démolition de cette coque dans un chantier de proximité, qu’il soit fixe comme à Gand en Belgique ou ponctuel à Cherbourg. En terme de sécurité, cette dernière option serait la meilleure. Avant sa destruction, le Marginella doit faire l’objet d’une cartographie de l’amiante embarqué.
Marginella, Cherbourg, 25 septembre 2008. © Gillian Moye
N°2
L’ex péniche hollandaise Frisian Lady employée pour le transport de vrac sur le Rhin et dans les canaux est immobilisée à Cherbourg depuis début novembre. Rebaptisée Queen Esther, port d’attache Kribi, pavillon camerounais, elle avait pour ambition de rejoindre l’Afrique depuis le port anglais de Portsmouth et elle a été obligée de se réfugier à Cherbourg pour des raisons de sécurité. L’ex Frisian Lady dispose d’une licence commerciale pour travailler en Europe dans toutes les eaux intérieures jusqu’en 2015.
Ce type de navire fluvial, sans tirant d’eau, à fond plat, n’est évidemment pas conçu pour affronter un voyage transocéanique. Des dizaines de navires de ce type font l’objet de transferts, en remorque, qui se soldent souvent par des naufrages avant l’arrivée en Afrique (voir à ce sujet A la casse n°33, « Quand les péniches européennes prennent la mer… et l’eau p 4); l’un d’entre eux, le Vestland, a fait naufrage au large de la Bretagne en septembre 2011, il avait 7 tonnes de fioul à bord. La Queen Esther, si elle reçoit à tort l’autorisation de reprendre la mer, de passer le raz Blanchard, de franchir la pointe du Raz, de traverser le golfe de Gascogne et de rejoindre le Cameroun aura à son bord trois hommes et neuf tonnes de fioul. Robin des Bois a écrit le 25 novembre aux Préfets maritimes de la Manche / Mer du Nord et de l’Atlantique pour qu’ils interdisent le transit dans les eaux territoriales et la Zone Economique Exclusive française de ce type de navires. Il existe un moyen très sûr de les transférer au bout du monde si des propriétaires le souhaitent : ça s’appelle des porte-barges ou des transporteurs de colis lourds.
Frisian Lady, Portsmouth, 31 juillet 2009 © Scott Waddington |
Queen Esther, Cherbourg, le 2 décembre 2013 © Robin des Bois |