De la famille des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), les dioxines, sous-produits non intentionnels des processus de combustion et les PCB, produits commercialisés pour leur stabilité chimique et leur ininflammabilité, sont immunodépresseurs, perturbateurs hormonaux, cancérogènes pour tous les mammifères sauf l’homme et la femme selon un miracle soigneusement entretenu par les apôtres de la recherche scientifique française. Dangereuse pour l’environnement et la santé publique, la dispersion des dioxines et des PCB est perpétuée par des pratiques scandaleuses.
AZF: les traverses des voies ferrées internes du complexe chimique de Toulouse étaient évidemment traitées à la créosote, un fongicide bourré de phénol et de HAP. Considérées comme des déchets dangereux, les traverses doivent être traitées dans des filières dédiées. Or, les 3.000 t de traverses du site AZF dévasté par la catastrophe du 21 septembre 2001 ont été revendues à une entreprise régionale qui en fait du charbon de bois alimentaire pour les barbecues. La même filière est en cours pour les traverses du site Soferti appartenant aussi à Atofina à Fenouillet en Haute-Garonne (40 euros par tonne). Outre l’imprégnation à la créosote, ces traverses ont été polluées par les dépotages des wagons de matières dangereuses, les égouttures, les fuites chroniques ou accidentelles.
Un centre de recherches sur le cancer est annoncé sur l’ex-site d’AZF; la 1ère mesure en amont est d’interdire ce type de pratiques cyniques s’appuyant sur une dérogation de circonstances, non validée par l’AFSSA. La réglementation française interdit la mise sur le marché de bois imprégnés de créosote s’ils sont susceptibles d’entrer en contact avec des produits destinés à l’alimentation animale ou humaine “ainsi que pour la confection de matériels susceptibles de contaminer les dits produits (fabrication de charbon de bois par exemple)”. La directive européenne du 26 octobre 2001 confirme ces interdictions considérant que “le bois traité avec la créosote présente un risque de cancer pour les consommateurs et que l’ampleur du risque est clairement préoccupante”. C’est la 2ème fois que, par voie de presse, Robin des Bois attire l’attention sur le recyclage de déchets dangereux en charbon de bois à vocation alimentaire effectué par Sidénergie à Laval-de-Cère dans le Lot. Dans ces conditions d’approvisionnement, Sidenergie doit s’orienter exclusivement sur la fabrication de charbon de bois à vocation industrielle.
Marine Nationale: Très vaseuse sur la présence ou l’absence d’équipements électriques aux PCB à bord du Clemenceau lors de son expédition vers un chantier de démolition en automne 2003, la Marine Nationale l’est encore plus pour ce qui est du bombardement et de l’immersion d’autres ex-navires ou engins dont elle est détentrice. Impossible de savoir, malgré de nombreuses sollicitations auprès de la Préfecture Maritime de Brest et du Ministère de l’Environnement chargé de veiller à l’application du plan national de décontamination et d’élimination des PCB si l’aviso escorteur Commandant-Bory a été, avant d’être récemment coulé au large de la Bretagne, débarrassé de ses équipements électriques aux PCB ou même s’il a été procédé au dépistage obligatoire. Conformément à la réglementation européenne et française tous les PCB doivent être traités dans des installations agréées. Pour la Marine Nationale, la mer ou plus exactement le fond de la mer est une valeur refuge, de même que pour le Secrétariat d’Etat aux Transports et à la Mer qui dans une réponse à une question écrite d’un député déclare avec suffisance que conformément aux décisions de la Commission Européenne “une méthodologie sur l’usage des zones refuges est désormais appliquée”. A preuve, ajoute M. le Secrétaire d’Etat “en septembre 2003, un cargo chypriote a été neutralisé sans dommages au large des côtes de la Réunion grâce à une lecture prévisionnelle des situations de crise…” Infos recoupées: il s’agit de l’Adamandas, 165 m de long, chargé de 20.000 t d’acier et dynamité après une prise de feu dans une cale, avant même que des experts de la Smit, commis par l’armateur, et qui venaient d’arriver sur l’île, aient pu apprécier la situation. Evidemment, le pyralène embarqué et les autres fluides toxiques, les 500 t de fuel, l’amiante, sont partis au fond, “grâce à l’intervention des spécialistes en explosifs du port militaire de Brest” précise le Quotidien de la Réunion; Brest, pôle mondial de l’océanisation des poisons de la mer.
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