Le Gatteville a quitté le port de Cherbourg en fin de matinée. Le pétrolier de 2060 tonnes a été acheté il y a un mois par Hellenic Slops, armateur et récupérateur de déchets d’hydrocarbures basé au Pirée, le port d’Athènes.
Après une immobilisation de 2 ans, le Gatteville a abandonné le pavillon-bis français (Îles Kerguelen) pour le pavillon panaméen. Dans un premier temps, la société de classification chargée de redonner ses certificats au Gatteville était d’origine panaméenne. Dans un deuxième temps, le Bureau Veritas France a assumé la sale besogne. Les logiciels “Veritas Hull” et “Veritas Machinery”, qui “introduisent une nouvelle conception de la classification fondée sur l’intégration de l’analyse des risques et d’un système de maintenance planifiée des navires”, ont semble-t-il abouti à un diagnostic rassurant. Le Gatteville est bon pour le service et pour le Golfe de Gascogne, avec 9 membres d’équipage et 150 tonnes de fuel.
Pour défaut de maintenance, le Bureau Veritas avait pourtant retiré toutes ses licences au Gatteville. Un coup de plumeau magique est donc tombé sur le Gatteville. Une fois de plus, les sociétés de classification, et notamment le Bureau Veritas France, dernier certificateur connu de l’East Sea qui amena 1000 réfugiés il y a un an sur la Riviera française s’exposent aux critiques des observateurs indépendants comme Robin des Bois.
Le rafiot servirait à Athènes de stockage flottant de déchets. La règlementation européenne prévoit que les stockages de déchets d’hydrocarbures doivent être entourés de cuvettes de rétention, une contrainte technique difficile à mettre en oeuvre autour d’un navire.
Reste à Cherbourg le Tatihou, caboteur pétrolier construit il y a 36 ans, appartenant à la SOCATRA, un armement basé à Bordeaux et spécialisé dans le transport d’hydrocarbures. La SOCATRA aimerait transférer le Tatihou à Madagascar. Le Bureau Veritas lui a aussi retiré toutes ses classes de navigation. Spécialiste du grand écart et de la volte-face, le Bureau Veritas acceptera-t-il de les lui rendre?
Enfin, les Affaires Maritimes et la préfecture de la Manche et de la mer du Nord ont jusqu’alors gardé le silence au sujet de la transaction, de l’immatriculation du Gatteville au Panama, et des conditions de reclassification du navire. A travers 7 communiqués de presse, Robin des Bois a assuré l’exclusivité de la diffusion des informations.
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