11h30
Communiqué n°1
Malgré les études de dangers de l’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques), les visites de contrôle du Sdis (Service départemental d’incendie et de secours), les dispositifs d’extinction automatique et à cause de la surveillance allégée des Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) et de l’anarchie qui règne dans la massification de la logistique, un entrepôt de Bolloré Logistics d’environ 24.000 m2 est en feu à Grand-Couronne dans la banlieue de Rouen, à 570 m de la Seine et à 30 m d’un couloir de lignes haute-tension. Contrairement à la déclaration de la préfecture de Seine-Maritime, le feu ne peut pas être considéré comme circonscrit. Une troisième cellule de l’entrepôt louée à un leader international de la “supply chain” textiles est touchée par le feu. Une quatrième cellule séparée des trois autres par de simples murs coupe-feux contient d’autres biens de consommation inflammables et combustibles dont l’inventaire n’a pas été divulgué, à supposer qu’il soit connu des autorités.
La situation administrative de l’entrepôt n°3 de Bolloré Logistics est incertaine. Sont seulement disponibles sur le site de l’Etat les arrêtés encadrant les entrepôts n°1 et 2. Au moment de leur création, ils étaient soumis à autorisation. Vu l’évolution régressive de la réglementation concernant les entrepôts logistiques, ils sont aujourd’hui simplement soumis au régime de l’enregistrement. En conséquence, ils ne font pas l’objet des exigences réglementaires, de sécurité et de publicité qui s’imposent aux usines Seveso.
Au nom de la création d’emplois et du développement économique des territoires, le secteur traditionnel de la grande distribution, Amazon et les autres stockeurs et répartiteurs de biens d’hyper consommation ont convaincu les pouvoirs publics et même les collectivités locales de faciliter l’implantation de plateformes logistiques. Ces hubs de la société de consommation sont des réservoirs de produits combustibles, inflammables et toxiques.
L’incendie initial provient d’un stockage de batteries au lithium. Malgré l’apparition relativement récente du lithium dans la gamme des produits instables, inflammables et toxiques, ce métal a déjà provoqué environ 150 incendies en France. Ils sont caractérisés par des auto-déclenchements imprévisibles, une très forte intensité thermique et des capacités surprenantes de rebonds. Il est donc largement prématuré de déclarer que l’incendie est circonscrit.
Christophe Béchu, ministre de l’Ecologie, a salué comme il est d’usage le courage des sapeurs-pompiers mobilisés.
De son côté, Robin des Bois dénonce une fois de plus l’inertie et la complaisance du ministère de l’Intérieur, du ministère de l’Ecologie et des services de l’Etat envers les exploitants et les loueurs d’entrepôts industriels.
Cette nuit, les pompiers ont manqué comme il y a 3 ans pendant l’incendie de Lubrizol et de Normandie Logistique de moyens d’extinction pour attaquer d’une manière différenciée les brasiers de pneus, de palettes et de batteries.
Et comme d’habitude, les pompiers particulièrement disciplinés n’ont rien relevé dans l’air qui puisse mettre en danger leur santé, celle des riverains et la biodiversité. Robin des Bois souhaite que dans les jours qui viennent, le préfet de Seine-Maritime ordonne à Bolloré Logistics de réaliser un diagnostic de l’environnement et un suivi des retombées du panache de l’incendie en cherchant des signatures particulières qui ne pourront pas être confondues avec les pollutions historiques, en conformité avec la circulaire du 20 février 2012 relative à la gestion des impacts environnementaux et sanitaires d’évènements d’origine technologique en situation post-accidentelle. Nous pensons entre autres aux particules de lithium et de cobalt, les deux principaux composants des batteries électriques.
Le lithium en roue libre (communiqué Bolloré Illogistics n°2), 18 janvier 2023
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