Ça bouge dans le bois

1 oct. 2016

Communiqué n°3

CITES – Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction
17ème Conférence des Parties. Johannesburg – Afrique du Sud
24 septembre – 5 octobre 2016

 

Trois bonnes nouvelles pour les forêts tropicales.

1 – Dalbergia
L’opposition de la Chine était redoutée. Le marché des Dalbergia, communément appelés bois de rose ou palissandre ou encore bois rouge (“hongmu” en chinois) a explosé chez le premier importateur mondial. 10.000 producteurs de meubles et d’objets décoratifs sont à l’œuvre en Chine et transforment le “hongmu”. La filière emploie un million de personnes et dégage 7 milliards d’US$ de revenus par an. Le Dalbergia odorifera, l’espèce la plus prestigieuse, se vend aujourd’hui 1,5 million d’US$ par m3. Les espèces ordinaires se vendent entre 10.000 et 40.000 US$ le m3. Après la Chine, les Etats-Unis et l’Europe sont les principaux importateurs.

Le genre Dalbergia regroupe 304 espèces d’arbres, d’arbustes et de lianes dont 250 dans les pays tropicaux. Huit espèces sont présentes en Guyane, en Martinique et en Guadeloupe.

Le Dalbergia melanoxylon est le bois favori des flûtes, des hautbois, des clarinettes et des xylophones.

La proposition du Guatemala, de l’Argentine, du Brésil et du Kenya de regrouper toutes les espèces de Dalbergia sous la tutelle de l’Annexe II qui oblige les pays exportateurs et importateurs à délivrer des permis a finalement été acceptée par consensus. La Chine s’est tue. Le Guyana a soutenu que l’exploitation actuelle des Dalbergia était durable mais ne s’est pas opposé au consensus.

Les fleurs des Dalbergia attirent les abeilles, les scarabées, les papillons, les oiseaux, les fourmis… et les pangolins en Afrique et en Asie. Les racines fixent l’azote et assurent la fertilité des sols. Les Dalbergia sont indispensables aux écosystèmes tropicaux.

En Amérique centrale, en Inde, au Cambodge, au Vietnam, au Myanmar, à Madagascar, les coupeurs, débardeurs, camionneurs ou bateliers écoulent jour après jour des milliers de m3 vers les frontières passoires ou les terminaux de porte-conteneurs.

Jusqu’alors, seules 61 espèces de Dalbergia étaient inscrites aux Annexes de la CITES. Les compagnies forestières profitaient de l’incapacité des douaniers à faire le tri entre les espèces libres de toutes contraintes administratives et les espèces réglementées. Les difficultés d’identification favorisent la confusion.

L’inscription de toutes les espèces du genre Dalbergia à l’Annexe II – le Dalbergia nigra est en Annexe I depuis 1992 – va faciliter le dépistage de la contrebande et freiner une exploitation débridée.

2 – Le bois de vène
Le bois de vène (Pterocarpus erinaceus) ou palissandre du Sénégal, lui aussi recherché par l’ébénisterie chinoise – un million d’arbres abattus et exportés chaque année depuis l’Afrique de l’Ouest – a été lui aussi inscrit à l’Annexe II par consensus sur proposition de 10 pays d’Afrique de l’Ouest, du Tchad et de l’Union Européenne. Une partie de l’exploitation du bois de vène alimenterait les caisses des milices rebelles.

3 – Bubingas
Sur proposition du Gabon et de l’Union Européenne, 3 espèces de bubingas (Guibourtia tessmannii, G. pellegriniana, G. demeusei) elles aussi réclamées par la Chine et assimilées à la catégorie des “hongmu” ont été inscrites à l’Annexe II. Là encore, à la condition que toutes les autorités administratives des pays de l’aire de répartition (Cameroun, Congo, Guinée équatoriale, Gabon, République Démocratique du Congo, Ghana, Nigéria) soient suffisantes, vigilantes et intransigeantes, l’exploitation illicite et non documentée des bubingas devrait être sérieusement entravée et sanctionnée.

Ce qui est bon pour les forêts tropicales ne l’est pas forcément pour les forêts tempérées. Gare aux effets de report et pour endiguer la demande forcenée de bois de la Chine, il serait prudent que l’Union Européenne se prépare à proposer à la CITES l’inscription à l’Annexe II de certaines espèces comme les chênes et les hêtres.

Voir aussi :
Le caméléon WWF, 29 septembre 2016
Communiqué anti-corruption, 23 septembre 2016

 

 

 

 

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