Le Khalifeh I hors d’âge avec sa passerelle et sa timonerie en bois, ses marins syriens, son pavillon des Iles Tonga et 274 moutons considérés comme irréguliers par la Direction des Services Vétérinaires de Rouen a quitté le port du Tréport ce matin à 11h15 en direction de Waterford en Irlande.
Bateau, équipage et marchandises sur pied affrontent le gros temps de la Manche et de la Mer du Nord. Navire qui devrait être hyper-ciblé par les inspecteurs européens de la sécurité maritime, le Khalifeh I a toujours travaillé en Méditérranée où il a d’ailleurs été responsable d’un dégazage en Mars 2001. Sa conception des années 50, indépendamment des conditions d’entretien, font du Khalifeh I un bateau structurellement dangereux et polluant. Son propriétaire actuel est mal identifié. Il s’agirait d’un marchand de bestiaux irlandais associé à des maquignons polonais.
Le Gatteville, un pétrolier construit il y a 31 ans, immobilisé depuis 2 ans à Cherbourg, ayant perdu sa classe de navigation en Septembre 2001 est en cours de réimmatriculation sous pavillon de Panama dans le port normand. Il servirait de stockage flottant de déchets d’hydrocarbures dans le port du Pirée. Son prédécesseur, le Slops a pris feu en Juin 2000. Un opérateur a été tué, et l’Ile d’Egina à 11 milles nautiques a été touchée par la marée noire. Robin des Bois a envoyé des missives aux autorités européennes et grecques pour les informer de cette transaction douteuse et émettre des réserves sur la conformité d’un tel stockage flottant à la réglementation européenne sur le stockage et le traitement des déchets d’hydrocarbures.
Le Gatteville, conformément aux dispositions prises par l’Union Européenne dans le cadre du renforcement du contrôle des navires à risques après le naufrage de l’Erika, doit faire l’objet d’une vigilance particulière attachée aux pétroliers de plus de 15 ans. Mais là encore le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord envisage de laisser partir le Gatteville, dès la fin de la semaine, sans inspection approfondie, avec des titres de navigation et de sécurité provisoires et dérisoires au regard des risques pour l’environnement et l’équipage.
Le Khalifeh I et le Gatteville doivent aller à la casse. Ils témoignent de l’incapacité des autorités françaises et européennes à enrayer le fléau des navires-poubelles et à mettre au pas les armateurs, les pavillons de complaisance et les sociétés de classification.
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