Catastrophes écologiques à Saint-Malo, et ailleurs

10 oct. 2003

Lors du remplacement d’une porte d’écluse du bassin principal du port de Saint-Malo fin août 2003, il a été constaté la perte d’environ 370 kg de mercure. Cette fuite de mercure dont on ne sait pas si elle a eu lieu pendant l’exploitation ou pendant les opérations de maintenance ou de remplacement est considérable. Elle n’aurait pas été connue du public si Robin des Bois alerté par des usagers du port n’était intervenu (*). Le bilan-matière tel que nous le connaissons aujourd’hui s’établit ainsi: 311 kg de mercure récupérés dans les 2 articulations de chacun des 2 vantaux formant la porte aval de l’écluse du bassin Vauban. La quantité initialement confinée dans l’ensemble du dispositif de la porte amont était de 680 kg. Plusieurs tonnes de sédiments pollués ont été récupérées à proximité de l’écluse. Rien ne garantit que la totalité des matériaux contaminés ait été sortie de l’eau. Une auréole périphérique de contamination a été délimitée et traitée elle aussi par extraction, puis dans une filière d’élimination. Le flou persiste sur les volumes exacts, et sur la nature de cette filière.

La toxicité du mercure en milieu marin est établie: il est mortel à très faibles doses, persistant et bioaccumulable, nuit à la croissance des planctons, induit des troubles de la nage chez les poissons et de l’enfouissement chez les bivalves, et nuit aux capacités de reproduction de tous les organismes. Chez l’Homme, il est universellement connu que le mercure est un poison depuis le syndrome de Minamata -en 1953, une usine au Japon rejetant des déchets mercuriels était responsable de la contamination de toute la chaîne alimentaire et de troubles mortels ou irréversibles parmi la population humaine-. Les organes cibles sont les yeux, les reins, et le système nerveux. La dose journalière admissible est de 30 microgrammes pour un adulte.

La perte de mercure constatée sur la porte aval de l’écluse du port est de l’ordre du rejet cumulé et annuel des 15 plus grosses installations industrielles françaises émettrices de mercure dans les milieux aquatiques. Encore faut-il vraisemblablement lui ajouter une possible perte en cours d’exploitation ou pendant le remplacement en 1991 de la porte amont de l’écluse et de ses deux vantaux.

Ces révélations éclairent d’un jour nouveau la qualité des boues de dragages de Saint-Malo, et la vulnérabilité des coquillages et des plages de la baie. Ailleurs qu’à Saint-Malo et pour ne citer que l’exemple de Saint-Nazaire, on peut redouter des pertes et des risques similaires. Il est urgent aussi de comprendre à quel rythme et dans quelles phases les fuites de mercure sont intervenues sur ces portes d’écluse de conception ancienne (1950-1960).

Par courrier séparé, Robin des Bois, pour les alerter si ce n’était déjà fait , écrit à Voies Navigables de France (VNF) et à la direction des ports maritimes au Ministère des Transports. Selon Robin des Bois, un inventaire de ces portes d’écluses au mercure doit être réalisé, et même si elles ont été remplacées, une campagne de prélèvement des sédiments et d’analyses doit être entreprise et suivie d’extraction en cas de pollution renforcée au mercure.

 

(*) : le 25 août, Robin des Bois a écrit à ce sujet au préfet d’Ille-et-Vilaine et à la mairie de Saint-Malo. C’est par un courrier en réponse de la mairie de Saint-Malo, daté du 10 septembre 2003, que Robin des Bois a obtenu des informations complémentaires. La mairie avait interrogé la DDE responsable de l’opération de remplacement des portes de l’écluse. Dans son courrier à M. le député-maire de Saint-Malo, la DDE déclare que tout le mercure a été récupéré, ce qui n’est pas plausible. Une autre contradiction apparaît dans le fait que la société MBM (Mercure Boys Manufacture) dit n’avoir rien constaté d’anormal dans son domaine spécifique de récupération du mercure.

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