Les scandales du Prestige
1- Information du public.
Les enseignements du naufrage de l’Erika et de la ramasse des déchets sur le littoral breton et vendéen n’ont pas atteint les rivages de la Galice. Des bénévoles et en particulier des enfants sont mobilisés sur la portion du littoral souillée par les premières arrivées d’un fioul toxique, susceptible au contact de créer des allergies, des troubles cutanés, et à l’inhalation des troubles respiratoires. Il importe donc de rappeler que les enfants, les personnes vulnérables avec une prédisposition asthmatique ou dermatologique, et les femmes enceintes doivent être systématiquement tenus à l’écart. Ce type de fioul contient des Hydrocarbures Polycycliques Aromatiques cancérigènes.
Erika: stationnement gênant, enlèvement demandé
Malgré le pompage principal et de finition des cuves de l’Erika, des irisations sont toujours observées autour de l’épave et des résidus pétroliers toxiques restent agrégés sur les parois et sur les fonds des réservoirs. Aux résidus pétroliers s’ajoutent les fluides toxiques dont le pyralène utilisé dans les installations électriques, les peintures anti-salissures, et l’amiante des calorifugeages.
Le site du naufrage de l’Erika doit être considéré comme un site sous-marin contaminé. Après le pompage d’une partie de la cargaison, il s’agit maintenant de relever les épaves pour éviter la diffusion lente de produits toxiques dans le milieu marin, une précaution d’autant plus indispensable que d’après nos informations, le laboratoire de physicotoxicochimie de Bordeaux relève des teneurs importantes et croissantes d’Hydrocarbures Polycycliques Aromatiques cancérigènes dans les crustacés collectés dans la zone d’influence des rejets de l’Erika, en particulier les crevettes.
La Flèche n°36
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Lire la suiteErika: les chantiers s’enlisent
– Épaves: Les déclarations bonhommes de M. le Ministre des Transports, responsable récent de la coordination du plan Polmar Mer, ne font pas oublier la vérité: les épaves de l’Erika ne peuvent pas être considérées comme inertes. En plus des résidus d’hydrocarbures collés sur les parois et les fonds des cuves (l’épaisseur annoncée de cette sédimentation, soit 2 mm, est évidemment très sous-estimée compte tenu du fait que le bateau était spécialisé dans le transport d’hydrocarbures lourds et visqueux), l’Erika cassée en deux contient aussi des fluides toxiques et des peintures biocides. Deux points noirs sur des fonds riches en langoustines, comme un immense parking sous-marin avec des citernes gluantes, ne peuvent pas être qualifiés de déchets ultimes par Robin des Bois ni par le Collectif Anti Marées Noires de Saint-Nazaire.
TOTAL veut mouiller l’Etat
Fin décembre 1999, 15 jours après le naufrage de l’Erika, Total s’est engagé à traiter les déchets ramassés sur le littoral. Le choix des filières d’élimination devait être annoncé à la mi-juin et les travaux préliminaires immédiatement lancés. 200 millions de francs ont été provisionnés à cet effet, une somme sans doute insuffisante au regard des 250.000 tonnes de déchets qui seront stockés d’ici la fin de l’été, auxquels s’ajouteront les matériaux de décontamination des criques et rochers qui reprendront à la rentrée.
Les effets spéciaux de TOTAL
L’armada TOTAL se déploie sous les sunlights et emmène sur la croisette atlantique les journalistes et les écologistes ébahis par ce festival de flexibles et de mercenaires de l’offshore international. TOTAL fait la star grâce au scénario écrit avec le gouvernement et la préfecture maritime de Brest. Les autorités françaises ont mis de côté la loi du 7 juillet 1976 relative à la prévention et à la répression de la pollution marine. Elles ont omis de mettre en demeure l’armateur de l’Erika ou TOTAL de procéder au traitement des pollutions, au renflouement des épaves, et au ramassage des déchets sur le littoral. De telles procédures ont été enclenchées par les préfets maritimes ou les préfets de département, notamment à l’égard de Ciba-Geigy, producteur de pesticides échoués sur le littoral en 1993.
L’Amoco Cadiz sur les bords de Seine
Le Havre
Après le naufrage de l’Erika, Robin des Bois a remis à jour plusieurs milliers de tonnes de déchets de l’Amoco Cadiz sur les rives de la Loire, diffusé une cartographie des sites de stockage des déchets des marées noires en Bretagne, et constaté que plusieurs de ces sites sont dangereux pour l’environnement. Le 28 février, le Premier Ministre a annoncé que 20 millions de francs allaient être consacrés à la surveillance et la mise en sécurité de stockages des déchets des marées noires antérieures.
Pour une mise en conformité des sites pollués par les déchets de toutes les marées noires
Objet: CIADT Nantes
Il se confirme donc que de nombreux dépôts sauvages ou non-contrôlés de déchets des naufrages du Torrey Canyon, du Boehlen, de l’Amoco Cadiz et du Tanio sont enfouis le long du littoral breton et constituent des risques de dégazages chroniques nuisibles à la salubrité publique et à l’environnement marin. La DRIRE-Bretagne confirme que la liste des stockages doit être réactualisée et que des actions prioritaires doivent être mises en oeuvre.
Il en est ainsi de l’île d’Er inscrite à l’inventaire des zones Natura 2000 et du site de Castel-Meur -propriété du Conservatoire du Littoral-, sur la commune de Plougrescant .
Les vieilles casseroles
Un inventaire des sites de stockage de déchets bruts ou traités consécutifs aux naufrages du Torrey Canyon, du Boehlen, de l’Amoco Cadiz et du Tanio a été effectué à la demande du groupe de travail national interministériel sur les sols et sous-sols pollués. Cet inventaire non diffusé regroupe plusieurs dizaines de sites oubliés par les municipalités, les agences immobilières, les offices du tourisme du Finistère et des Côtes d’Armor.
Dès la publication par Robin des Bois des premières informations, des maires ou responsable des communes sinistrées par l’Amoco Cadiz ont qualifié de balivernes les révélations de Robin des Bois et l’ont menacé sur les ondes régionales de poursuites judiciaires. Il s’avère en fait que la situation est plus grave que prévu.