Grand-Couronne : Bémol sur la Démol.
Suite à une visite inopinée des services de l’inspection du travail, le chantier de démolition de l’ex-usine d’engrais d’AZF Grande-Paroisse est suspendu.
L’entreprise marseillaise de démolition et l’entreprise normande Le Foll, repreneuse du site, doivent produire une étude de stabilité d’une partie des bâtiments et un mode opératoire de retrait de l’amiante.
Les inspecteurs du travail n’ont pas abordé le domaine de la radioactivité résiduelle qui ne fait pas partie de leur champ de compétence.
76 : la déréliction industrielle de la zone
La démolition brutale et non sélective de l’usine de la Grande Paroisse à Grand-Couronne s’est traduite le 10 octobre par un incendie dont le panache s’est ajouté aux pollutions pathologiques de l’atmosphère de la vallée de la Seine.
Une pollution peut en cacher une autre. En 1993, la 1ère phase de démolition avait été suspendue suite au déclenchement d’un portique de radioactivité chez un récupérateur de métaux de la région parisienne, au moment où il recevait des pièces en provenance d’une usine analogue à celle de Grand-Couronne. Au fil du temps, des tartres radioactifs (uranium / radium / thorium) se sont accumulés dans les cuves et canalisations des ateliers de concentration d’acide phosphorique à partir de phosphates naturellement uranifères.
Metaleurop en pièces détachées
La vente aux enchères sur le site de Metaleurop Nord à Noyelles-Godault (22 et 23 octobre) est entachée de risques et d’illégalité.
La mise en vente d’unités de fabrication vétustes, polluées, non-conformes aux réglementations européennes, assortie de leur démantèlement et de leur remise en place dans des pays nécessairement lointains et mal encadrés en termes de réglementation et de prévention de la sécurité est un autre scandale social. Si la bonne affaire va jusqu’à son terme, des ouvriers étrangers, mal protégés sur le plan physique, sans suivi sanitaire ultérieur, participeraient aussi d’une manière indirecte à la dépollution du site.
La résidence naphtalène
C’est une première. Monsieur le Maire du Havre a posé cet été en compagnie d’astucieux promoteurs la 1ère pierre d’un programme résidentiel comprenant 514 logements et 130 studios universitaires. Plus de 1000 personnes vivront donc sur un site archi-pollué, recouvert d’une dalle de 20 cm de béton. Les garages seront au rez-de-chaussée, les “ jardins ” au 2ème niveau. Pas un seul arbre ne sera planté dans le sol, et aucune information sur les pollutions n’a été délivrée aux acquéreurs. “ Toutes les pollutions sont restées sur place. C’était prévu ” dit le chef de chantier. La dalle de béton tirant un trait sur un siècle d’hydrocarbures et de métaux toxiques va bientôt être coulée. Les travaux avancent à marche forcée. Les appartements doivent être livrés en juin 2004 ! Des prélèvements atmosphériques des composés organiques volatiles sont réalisés au dessus du site en face d’une maison de retraite dont les usagers n’ont rien à connaître.
Les casseroles de Pechiney
Cession, fusion, intégration, dissolution, liquidation sont des opportunités pour enfouir dans les mémoires et les substrats hydrogéologiques le passif environnemental issu d’activités industrielles historiques, dans un temps pas tout à fait fini où les décharges internes et gratuites permettaient d’épaissir la marge des bénéfices.
A ce jeu, Pechiney est orfèvre. Il a refilé à Rhodia et à la commune de Wattrelos (59) des terrils pollués qui relarguent jusqu’à 70 kg de chrome par jour dans un cours d’eau. Il laisse l’Etat, l’ADEME et l’Alsace se dépatouiller avec des déposantes et des migrations de rebuts de lindane, un pesticide persistant et interdit. Pechiney considère la Méditerranée comme sa décharge interne et y déverse, tant en Grèce qu’en baie de Cassis, les déchets de fabrication d’alumine. La fosse de Cassidaigne est stérilisée. Le “barrage des boues rouges” à Rousson (30), un thalweg obturé par un mur de 60 m de haut et rempli par Pechiney avec les résidus de son usine de Salindres maintenant désaffectée, est aujourd’hui sous la responsabilité de Rhodia.
Raves: le ministère plane
Le ministère de l’Intérieur estime que les organisateurs de rave-parties font preuve de sens des responsabilités. En tout cas, pas à Ivry-sur-Seine: arsenic, pyralène, plomb, cadmium, chrome, zinc, cuivre, hydrocarbures, dichloréthylène, trichloréthylène, tétrachloréthylène, un large choix de substances toxiques était disponible pendant la rave organisée dans la nuit du 13 au 14 septembre, clou de la Techno Parade parisienne.
Près de 3000 personnes y ont dansé sur un site industriel lourdement pollué, VULCAIN-INDUSTRIE, où elles ont été potentiellement exposées à l’inhalation des poussières de métaux toxiques déposées sur le sol et le bâti, et aux composés organiques volatils imprégnés dans les sols, de la surface jusqu’à 2,5 m de profondeur. Un feu de joie a été allumé sur le terrain, où “un impact important en hydrocarbures totaux a été mesuré sur plus de 50% des prélèvements de sols “, comme l’établit le diagnostic de pollution du site à la disposition de la Préfecture du Val-de-Marne depuis juin 2000. VULCAIN-INDUSTRIE figure à l’inventaire national des sites et sols pollués (BASOL) diffusé par le ministère de l’Ecologie, et accessible par internet. Des cuves et une salle des machines au sous-sol du bâtiment ayant accueilli la sono sont pleines d’un mélange eau-hydrocarbures-solvants halogénés, comme tout visiteur attentif peut le constater. Au-dessus de la tête des raveurs, des condensateurs contenant chacun plusieurs kilos de pyralène étaient visibles. Pourtant ni les organisateurs, ni Médecins du Monde présent pendant la rave, ni la Préfecture n’ont pensé aux risques générés par la pollution des emprises. En janvier 2003, Robin des Bois a averti la Préfecture des risques pour la santé publique que fait courir la pollution de la nappe phréatique polluée par les solvants et hydrocarbures relargués par le site.
Des petits fours indigestes pour l’environnement
L’inventaire des petits incinérateurs fermés réalisé par Robin des Bois dans les régions PACA et Corse a permis d’identifier 39 sites potentiellement pollués dont 11 dans le seul département des Alpes-Maritimes : Bonson, Cannes, Guillaumes, Isola, Le-Bar-sur-Loup, Le Moulinet, Saint-Martin-Vésubie, Tende, Tourette-Levens, Utelle, Valderoure. Ces installations, dont les bâtiments sont en totalité ou en partie encore debout ou reconvertis, menacent la santé publique et l’environnement. Les dépôts adjacents de mâchefers et de cendres contenant et libérant des dioxines et un cortège de polluants toxiques et persistants constituent la source principale de risques.
PACA et Corse: enquête sur 39 petits fours éteints
Rattrapés par les ronces, colonisés par d’autres métiers des déchets, les incinérateurs d’ordures d’une capacité de moins de 6 tonnes/heure se terrent. Le tonnage global des déchets incinérés par ces installations en régions Provence – Alpes – Côte d’Azur et Corse est évalué à environ 3,6 millions de tonnes. Ouverts entre 1963 et 1993 et fermés entre 1976 et décembre 2002, ils sont des sites potentiellement pollués. Lors de leur conception, il n’y avait pas de distinction entre les déchets ménagers, les déchets industriels banals, les déchets agricoles et de garages, et les déchets d’activités sanitaires. Les contrôles à l’entrée des sites étaient inexistants, les fours étaient souvent utilisés au delà de leurs capacités, et en sortie des cheminées les analyses se cantonnaient à des paramètres simplistes – conformes à la réglementation de l’époque – et terriblement insuffisants au regard de la protection des riverains et de l’environnement.
Démantèlement précipité et dominical de l’incinérateur de Saint-Laurent-du-Pont
Exploité entre juillet 1981 et juillet 2000, l’incinérateur de Saint-Laurent-du-Pont est en cours de démolition depuis dimanche 8 juin. L’installation aurait été revendue à un entrepreneur local pour une somme modique. La démolition se fait sans précautions particulières pour les intervenants et sans l’élaboration préalable d’un protocole de démantèlement.
Pourtant, un diagnostic en date du 5 juin 2001, révèle la présence d’amiante sous des formes diverses nécessitant l’emploi de combinaisons, de protections individuelles et d’appareillages dédiés. Tous les déchets liés à l’amiante doivent être évacués en Centre d’Enfouissement Technique (CET) de classe 1.
Les bâtiments, les conduites, les parois, le four et ses accès, l’ensemble du bâtiment, jusqu’à la cheminée, sont imprégnées par des cendres chargées de polluants (métaux lourds, dioxines…) et autres imbrûlés toxiques.
Maquillage d’une décharge sauvage dans le pays d’Etretat
Depuis 15 ans, à Pierrefiques (Seine-Maritime), au bout du chemin rural N° 17, un agriculteur exploitait sans autorisation et sans contrôle d’entrée, une décharge d’environ 1/2 hectare, au lieu-dit “ Le Petit Vauchel ”, à flanc de colline. Des déchets divers en provenance d’entreprises locales, de coopératives agricoles, de chantiers de démolition y ont été jetés. Les modalités financières d’acceptation entre le récepteur et les producteurs de déchets ne sont pas connues. Cette exploitation clandestine, quoique connue de beaucoup, a inévitablement pollué les sols, sous-sols et sources nombreuses. La perméabilité du substrat géologique, essentiellement de la craie, ne peut que contribuer à la migration des polluants hors-site. Les matériaux utilisés il y a quelques jours pour couvrir le point noir proviennent du creusement de la piscine de Criquetot-l’Esneval et ne présentent pas les coefficients réglementaires d’imperméabilité.