Neutraliser les munitions chimiques syriennes sur le Cape Ray, un cargo transformé en plateforme industrielle et positionné dans les eaux internationales permettra de s’affranchir des réglementations nationales.
Cette première mondiale ferait de la haute mer une zone franche libérée de tout contrôle démocratique et des contraintes environnementales et sociales. L’OIAC et les Etats-Unis disent que 500 tonnes de munitions chimiques syriennes seront traitées en mer en quelques semaines alors que la fin du programme de destruction des munitions chimiques américaines est prévue pour 2023. Sur terre, les Etats-Unis espèrent traiter 3.100 tonnes en 10 ans. En mer, ils sont sûrs d’en traiter 500 tonnes en 4 semaines.
A l’heure actuelle, l’Ark Futura un pauvre roulier totalisant 38 déficiences dans les ports européens depuis l’an 2000 se ballotte quelque part sur la Méditerranée avec une fraction non quantifiée de munitions chimiques en provenance de 2 des 12 dépôts syriens.
C’est seulement quand les 12 dépôts auront été vidés et que toutes les munitions seront entreposées à bord de l’ Ark Futura et d’un autre roulier spécialisé dans le transport de voitures que le bateau usine américain entrera en action.
Les habitants du bassin méditerranéen, les pêcheurs et les poissons ne sont pas prêts d’être débarrassés de la menace. La Méditerranée et les armes chimiques se connaissent depuis longtemps. Il y a de source sûre plusieurs décharges sous-marines de munitions chimiques au fond de la Méditerranée. Les plus importantes sont au large de Bari et de Naples en Italie et au large de Saint-Raphaël en France. La plupart de ces décharges proviennent de l’immersion à partir de 1950 des stocks que les forces alliées avaient accumulés pour répondre si nécessaire à une attaque chimique allemande pendant la dernière guerre mondiale.
63 ans plus tard, la Méditerranée n’est pas à l’abri d’une immersion accidentelle ou même en dernier recours volontaire. L’OIAC et l’Italie au large de laquelle la performance américaine devrait avoir lieu n’ont pas désigné de port refuge au cas où ça tournerait mal à bord du Cape Ray. Le dernier refuge du Cape Ray et de sa cargaison en cas d’accident majeur serait-il le fond de la Méditerranée ?
Robin des Bois souhaite que le schéma actuel de destruction des munitions chimiques syriennes soit abandonné. Les substances prioritaires et les autres agents composant les munitions chimiques syriennes peuvent sous le contrôle de l’OIAC être traités à terre en Europe, aux États-Unis ou dans tout autre pays ou région qui dispose des meilleures capacités techniques disponibles. Le rythme de destruction doit être compatible avec la sécurité des travailleurs, des populations riveraines et de l’environnement.
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