Selon l’OIAC (Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques), la phase la plus complexe de l’élimination des munitions chimiques syriennes vient de se terminer avec le retrait des derniers précurseurs et autres composants chimiques du territoire syrien. Ce premier pas a été continuellement différé en dépit de la bonne connaissance des risques encourus et de la contribution de plusieurs Etats membres de la Convention.
Maintenant la phase 2 va rentrer dans un territoire inconnu. 20 t d’ypérite et 540 t de précurseur du gaz sarin devraient être neutralisées en mer.
A bord du navire militaire de l’US Navy, le Cape Ray, le système mobile de prétraitement par hydrolyse (US Field Deployable Hydrolysis System – FDHS) sera mis en œuvre pour la première fois en condition réelle. Cette plateforme a jusqu’alors été essayée à terre et en mer avec des substituts non chimiques (1). Cette opération sera donc une première mondiale. La phase industrielle sera précédée par le transbordement des munitions chimiques syriennes entre le navire danois Ark Futura et le Cape Ray dans le port italien de Gioia Tauro. Aucun essai en condition réelle ne sera réalisé pour tester le traitement. L’opération devrait s’effectuer dans les eaux internationales de la Méditerranée dans un ou des secteurs seulement connus des stratèges américains, 7/7 jours, 24/24h.
Parallèlement aux incertitudes techniques et environnementales, les conditions de mer pourront perturber le process industriel. Selon les experts américains, toutes les opérations seront suspendues quand le Cape Ray aura une gîte supérieure à 5°. Le planning actuel pourrait engager les opérations maritimes au-delà du mois de septembre. En conséquence, le Cape Ray pourrait être soumis à des conditions de mer difficiles. L’US Navy et l’OIAC tentent de rassurer l’opinion publique, les pays riverains et Robin des Bois en mettant en avant que l’usine flottante pourrait se déplacer à la recherche d’une accalmie.
A ce jour, aucun des pays riverains de la Méditerranée n’a publiquement désigné un port refuge. Selon l’OIAC, la flotte militaire encerclant le Cape Ray se substituera aux ports refuge et sera en capacité de remédier à tout accident ou contamination de l’environnement. La phase maritime de la neutralisation des armes chimiques syriennes sera placée sous la responsabilité des Etats-Unis qui auront à assumer toutes les obligations découlant d’un accident éventuel. Pour ce qui concerne les éventuelles réparations et le ravitaillement, la Croatie aurait accepté que le Cape Ray utilise un de ses ports.
Le texte de la Convention sur la destruction des armes chimiques précise que tous les Etats-membres doivent accorder la plus haute attention à la sûreté des opérations et à l’environnement. Dans l’opinion de Robin des Bois, cela revient à déployer l’unité mobile mise au point par les ingénieurs américains à terre ou à détruire les munitions chimiques dans des équipements terrestres existants où les risques sont réduits et maîtrisables.
(1) Nina Notman, ‘Chemistry World’ 21, May 2014.
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