Enquête publique – Société JB SOL Transports – Projet d’usine de granulés de bois à Ecommoy dans la Sarthe.
Monsieur le commissaire-enquêteur,
L’association Robin des Bois agréée sur le territoire national pour la protection de l’environnement est opposée à la réalisation du projet de production de pellets de bois sur le territoire de la commune d’Ecommoy tel qu’il est présenté dans le cadre de la présente enquête publique. Notre opposition s’appuie en particulier sur les arguments suivants :
Le porteur du projet et sa filiale Sarthe Energies n’ont aucune compétence dans le domaine forestier. Ils parlent de la forêt sarthoise comme d’un gisement inépuisable et n’expliquent pas par quelle habileté ils vont trouver de 2026 à 2034 et au-delà les 130.000 tonnes de bois adulte qu’ils s’engagent selon leur business plan à trouver dans un rayon de 150 km autour d’Ecommoy. Les incidences de cette prédation industrielle sur la biodiversité et la disponibilité des ressources ne sont pas du tout explicitées. Notre inquiétude est renforcée par un article du Maine Libre (14/12/2023) qui confirme l’avis favorable à l’unanimité du conseil communautaire Orée de Bercé Belinois et regrette par la voix du maire de Teloché que les chênes de la forêt de Bercé ne soient pas nommés dans la liste des arbres feuillus destinés à la transformation en granulés. Pour rappel, la forêt de Bercé qui a été dépouillée de 241 chênes pour la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris vient de se voir décerner le renouvellement de son label Forêt d’exception. Rassurons, si l’on peut dire, le maire de Teloché, la liste des feuillus à abattre par JB Sol Transports, le porteur du projet, n’est pas fermée et les chênes ne sont pas exclus. La voracité du business plan du projet est d’autant plus dérangeante que les Pays-de-la-Loire sont la région la moins boisée de France et qu’à date, plus de 500 chaufferies collectives eau bois y sont en exploitation ou en construction. Nous notons, grâce à une lecture attentive de ce dossier très fragmenté et inabordable pour les non-initiés, que parmi les débouchés principaux des pellets sont cités les Hauts-de-France et l’Ile-de-France, ce qui témoigne encore une fois de la tension grandissante en France sur la demande de pellets ou granulés de bois et qui prouve que la forêt sarthoise et les forêts limitrophes de la Sarthe seront surexploitées et que leurs bois nobles seront exportés après transformation pour le chauffage domestique au détriment des utilisations pour le bois d’œuvre et pour le bois d’ameublement et au détriment aussi de la biodiversité. Le dossier se contredit d’ailleurs à plusieurs reprises puisque dans d’autres chapitres, on peut lire que “la ressource en bois est située au cœur de la Sarthe et que les débouchés seront les particuliers locaux”.
La chaufferie serait alimentée par 36.000 t/an de combustibles CSR en provenance de la décharge de Montmirail située à 75 km d’Ecommoy et exploitée par Paprec. A ce jour, Paprec n’est pas détenteur d’un arrêté préfectoral autorisant la production de CSR et JB Sol Transports dit que Paprec pourrait si nécessaire fournir des CSR en provenance d’un détenteur tiers sans préciser à quelle distance d’Ecommoy ce producteur serait situé. Une des facéties du projet est de préciser que le transporteur JB Sol Transports pourrait utiliser des bennes pour le transport des CSR (bonjour les envols) après en avoir informé le client, c’est-à-dire Sarthe Energies filiale en devenir de JB Sol Transports.
Une chaufferie de Combustibles Solides de Récupération (CSR) est en vérité un incinérateur de déchets non recyclables, source de nuisances olfactives et acoustiques, de rejets atmosphériques, de fumées alors que le secteur résidentiel se situe à moins de 50 mètres de la limite de propriété des unités industrielles. Les rejets de métaux lourds, de dioxines et furanes et de poussières sont susceptibles de contaminer les puits domestiques, les cultures potagères et les poulaillers dans un rayon de 5 km alors que l’affichage signalant l’enquête publique a été limité à 3 km autour d’Ecommoy. Pendant l’exploitation antérieure du site, de nombreuses plaintes de riverains ont été formulées, dès 1972 et jusqu’en 1990, par la faute de poussières, de fumées, de nuisances olfactives et acoustiques et une pollution par hydrocarbures sur 2,5 km du cours d’eau Moulin du Bois a été constatée. Etant donné la multiplicité des produits dangereux mis en œuvre par les différentes phases du projet, de nouvelles pollutions du Moulin du Bois sont à redouter mais il n’y a pas un mot dans le dossier à ce sujet.
Un angle mort nous inquiète de par notre connaissance de la vulnérabilité aux incendies des scieries et des installations de transit et de regroupement de déchets dont les CSR. Le fait que la plupart des bâtiments existants soient encore équipés de toitures en fibrociment (amiante+ciment), n’est pas fait pour nous rassurer contrairement à ce qui est dit dans le dossier au sujet de l’incombustibilité de l’amiante. En effet, nous avons constaté que ces friches industrielles historiques et hâtivement reconverties sans avoir été convenablement dépolluées et assainies posent des problèmes après la propagation d’un incendie avec des déchets d’exploitation et de démolition contaminés à l’amiante. Selon les conditions météorologiques en vigueur au moment du sinistre, des empoussièrements par des fibres et fragments d’amiante au-delà du périmètre des installations peuvent être constatés. L’accidentologie par incendie telle qu’elle est décrite dans le dossier est très loin d’être complète.
Enfin, à date, les capacités financières du porteur de projet et de ses associés principaux qui sont implantés dans les Hauts-de-France et qui sont issus du monde agricole ou plus exactement de ses extensions dans la méthanisation, sont fragiles et notoirement insuffisantes au regard des sommes considérables imposées par les investissements initiaux et par la maintenance des équipements.
Ces points de vue motivant la désapprobation du projet par Robin des Bois ne sont pas exhaustifs et seront le cas échéant développés en cas de nécessité.
Robin des Bois.
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