Observations de Robin des Bois du 20 avril 2022 au projet d’extension et de rénovation du Port du Bétey à Andernos-les-Bains (Gironde)
Monsieur le commissaire enquêteur,
Robin des Bois est une association agréée pour la protection de l’environnement.
Nous nous félicitons d’avoir participé à l’enquête publique concernant le projet d’extension du port de plaisance en 2013 et d’avoir contribué à l’abandon du projet.
En 2016, six ans après la tempête Xynthia et les dégâts considérables observés sur la commune d’Andernos-les-Bains, la DREAL Nouvelle-Aquitaine, après avoir consulté tous les experts, a publié une cartographie des risques prévisibles à court et à moyen terme dans le Bassin d’Arcachon et notamment à Andernos-les-Bains, la probabilité de la submersion marine est considérée comme forte, y compris sur le secteur du port et de la plage du Bétey.
L’arrêté préfectoral du 19 avril 2019 confirme que la commune est soumise aux deux risques de submersion et de chocs mécaniques des vagues.
Le PPRSMBA en date de novembre 2012 dit quant à lui que la commune d’Andernos-les-Bains est très exposée au risque de remontée de nappes phréatiques.
Ces trois documents convergent pour mettre en avant la fragilité et la vulnérabilité du linéaire côtier et de l’ensemble de la commune d’Andernos-les-Bains.
En 2022, le Syndicat Mixte des Ports du Bassin d’Arcachon revient à la charge avec une version nouvelle et prétendument light de l’extension du port de plaisance.
En cas de tempêtes, l’élargissement de l’entrée de la darse, l’exhaussement du môle, le rétrécissement de la plage du Bétey, renforceront la puissance mécanique des vagues, la submersion des hauts de plage et la sécurité des bateaux de plaisance en stationnement. Au lieu d’être un refuge, le port du Bétey serait un spot de risques cumulés.
Nous convenons que le port existant du Bétey a besoin d’être équipé de dispositifs de traitement des eaux pluviales et de récupération des eaux noires et d’être consolidé dans ses infrastructures. Mais, l’élargissement du plan d’eau, l’installation de pontons qui seraient balayés avec les bateaux par les premières tempêtes ne nous paraissent pas être des nécessités. Il faut au contraire les éviter.
D’autre part, nous dénonçons l’absence totale d’information sur l’imprégnation éventuelle par des polluants des 5 000 m3 de sables à excaver. Considérer que “a priori” ils ne sont pas pollués n’est pas suffisant. Cela est même imprudent. Il est étonnant dans un écosystème aussi sensible que le Bassin d’Arcachon où la gestion des déblais de dragage pose des problèmes récurrents, d’être aussi superficiel sur la qualité de 5 000 m3 de sédiments à déplacer. Un corpus règlementaire datant du 25 mars 2021, applicable depuis le 1er janvier 2022, vient encadrer la traçabilité des terres à excaver et des sédiments dangereux. Il appartient au pétitionnaire de faire préalablement à la mise en oeuvre du projet des carottages, des prélèvements et des analyses garantissant que les sables à excaver ne sont pas dangereux au sens de la règlementation existante et compte-tenu de la sensibilité de l’écosystème du Bassin d’Arcachon.
De même, nous estimons que les sédiments autour de la cuve de carburant située sous le promontoire, aurait dû être analysés depuis longtemps. Cette négligence témoigne du peu de vigilance des communes du Bassin d’Arcachon à l’égard des sites pollués historiques qu’ils soient terrestres ou sous-marins. Cette cuve est sans doute fuyarde, il est incompréhensible, indépendamment des projets d’extension du port de plaisance, qu’elle soit toujours en place.
Pour toutes ces raisons et étant donnée l’insuffisance des informations contenues dans le dossier d’enquête publique et de l’absence de prise en compte des modifications à venir induites par les perturbations climatiques et l’élévation probable du niveau de la mer, Robin des Bois est opposé au projet.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le commissaire enquêteur, nos respectueuses salutations,
Robin des Bois
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