Malgré le pompage principal et de finition des cuves de l’Erika, des irisations sont toujours observées autour de l’épave et des résidus pétroliers toxiques restent agrégés sur les parois et sur les fonds des réservoirs. Aux résidus pétroliers s’ajoutent les fluides toxiques dont le pyralène utilisé dans les installations électriques, les peintures anti-salissures, et l’amiante des calorifugeages.
Le site du naufrage de l’Erika doit être considéré comme un site sous-marin contaminé. Après le pompage d’une partie de la cargaison, il s’agit maintenant de relever les épaves pour éviter la diffusion lente de produits toxiques dans le milieu marin, une précaution d’autant plus indispensable que d’après nos informations, le laboratoire de physicotoxicochimie de Bordeaux relève des teneurs importantes et croissantes d’Hydrocarbures Polycycliques Aromatiques cancérigènes dans les crustacés collectés dans la zone d’influence des rejets de l’Erika, en particulier les crevettes.
L’abandon de ces citernes d’hydrocarbures et de ces matières dangereuses sur des fonds riches en langoustines et en poissons constituerait une bombe à retardement pour l’état sanitaire des ressources marines commercialisables. L’argument de Total selon lequel les épaves sont fréquemment utilisées comme refuges par des poissons n’a aucune valeur scientifique. De même, une décharge terrestre ne peut pas être considérée comme un espace biologique équilibré au motif qu’elle est envahie par des rats et des goélands.
En 2002 ou en 2003, après 20 ans de travail préparatoire, l’Organisation Maritime Internationale (OMI) va soumettre à la signature de ses états-membres une convention sur le renflouement des épaves qui se fonde sur des impératifs de sécurité des activités nautiques et des impératifs de protection de l’environnement marin.
Le renflouement des épaves de l’Erika qui gisent par 120 m de fond ne pose pas de problème technique insurmontable, alors que depuis une dizaine d’années, grâce en partie à des moyens technologiques français, on va chercher dans le Titanic par 3600 m de fond des assiettes en porcelaine, sans les casser.
En exigeant de Total le renflouement des épaves de l’Erika, le gouvernement français irait dans le sens de la convention de l’OMI et se rapprocherait des pays de la façade atlantique comme la Norvège qui considère les épaves de bateaux ou d’aéronefs comme des dépôts sous-marins non-confinés de produits toxiques. Cette initiative exemplaire inciterait la communauté maritime internationale à mieux gérer les bateaux et à réduire autant que faire se peut les risques d’accidents et de naufrages.
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