Exportation illégale de déchets dangereux vers la Turquie

20 mars 2013

Le paquebot était à quai le long de la grande jetée du port de Marseille. Depuis septembre 2010, il jouait les ventouses de luxe et malgré sa silhouette imposante et sa cheminée rouge, il essayait de se faire oublier ou de faire croire que son escale était provisoire.

Initialement son arrêt à Marseille était technique. Il était question de remplacer les turbines à vapeur par des moteurs diesels. De technique, l’arrêt est vite devenu économique. Plus d’avenir pour un paquebot construit il y a 30 ans, sans des frais considérables et une remise à niveau réglementaire.

Selon la Newsletter quotidienne du Marin, l’Atlantic Star a quitté hier en remorque le port de Marseille à destination de la Turquie et de la démolition. A ce jour, les destinations Inde ou Bangladesh semblent exclues.

L’Atlantic Star appartenait à Pullmantur, filiale espagnole de Royal Caribbean Cruise Line. L’Atlantic Star a fait l’objet d’un marchandage. Invendable pour la suite d’exploitation, il a été « repris » par STX France pour faciliter la commande aux chantiers de Saint-Nazaire d’un nouveau méga paquebot de la famille des Oasis.

Cette “reprise” est encombrante. C’est un poids mort et un panier de polémiques plein de déchets dangereux et d’amiante. L’Atlantic Star a été construit aux chantiers de la Seyne-sur-Mer au début des années 80 ; en juillet 2012, le Conseil des Prudhommes de Toulon a reconnu que la NORMED avait manqué à l’obligation de sécurité envers 550 ouvriers exposés à l’amiante. La démolition de l’Atlantic Star en Europe serait prohibitive pour son propriétaire, à supposer qu’elle soit techniquement possible. Par contre, la vente sans désamiantage préalable rapporterait à STX France dont l’Etat français est actionnaire à hauteur de 33,3% environ 6 millions de dollars au cours actuel moyen de la ferraille en Turquie.

L’exportation de l’Atlantic Star dans un pays de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) devrait selon le droit français et européen être précédée d’un désamiantage préalable ou d’une notification dans le cadre de la convention de Bâle sur le transfert transfrontalier de déchets dangereux et d’un inventaire quantifié et cartographié des matières dangereuses embarquées. A défaut, cette exportation de déchets pourrait être refusée à son arrivée en Turquie et faire l’objet d’un examen attentif de la part des juridictions et des douanes françaises.

 

 

 

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