Le dispositif national de stockage et d’élimination des farines animales est entré dans une période critique. La majorité des sites de stockage sont pleins. Seuls quatre sites sont actuellement en activité, d’une capacité totale de 150.000 tonnes: ils seront saturés dans trois mois. Le plus gros entrepôt, à Rogerville en Seine-Maritime, est maintenant destinataire de la production des farines animales du Grand-Ouest, du Centre, du Nord. Parmi les sites supplémentaires pressentis, plusieurs ne seront vraisemblablement pas retenus. La mobilisation des opposants et des élus à Vritz (44), à Somsois (51), à Staffelfelden (68) et à Hesmery-Hallon (80) remet en cause les projets de stockage. Les premières chaleurs de l’été font craindre l’apparition de phénomènes d’auto-combustion, y compris pendant les transports. A cet égard, l’expérience montre que les risques sont devant nous: en 1999 à Plouisy (22) et à Cléguer (56), les sinistres ont éclaté en août et en septembre. Peu d’entrepôts retenus disposent de surfaces suffisantes pour assurer un étalement des farines en cas d’échauffement.
Les transports routiers se multiplient (par exemple 80 camions/jour à Rogerville dans l’estuaire de la Seine), les risques de dispersion de farines et les nuisances pour les riverains aussi. Le nettoyage des camions n’est jamais effectué en sortie des sites.
Les exigences de protection des ressources en eau contre toute dispersion de farines animales qu’impliquent les dernières recommandations de l’AFSSA nécessitent un réexamen de tous les sites de stockage.
Les capacités d’incinération restent à un niveau largement insuffisant pour absorber le flux. Les perspectives de déstockage s’éloignent pour les municipalités concernées: les services de l’État parlent encore officiellement de stockages jusqu’en 2003. Chez certains équarrisseurs, on évoque plutôt l’horizon 2008. L’interdiction définitive des farines et des graisses animales permettrait de fixer des objectifs et des échéances claires pour les industriels intervenant dans la destruction des déchets. La situation actuelle, dans laquelle les farines animales sont seulement “suspendues”, ne fait que retarder les échéances.
Dans cette situation stagnante, l’exportation de farines animales peut s’avérer tentante: une briqueterie à capitaux français installée au Gabon s’est proposée pour incinérer 150.000 tonnes par an dans ses fours. Robin des Bois s’oppose à de telles options dispersives, difficilement contrôlables.
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