Felicity Ace †

2 mars 2022

Dans son communiqué du 18 février 2022, Robin des Bois indiquait que l’incendie dans le Felicity Ace était livré à lui-même et qu’il était susceptible de se propager à tous les ponts-garages. L’ONG ajoutait que les incendies de ce type se terminent en général mal pour les cargaisons, les voituriers, et dans certains cas pour les fonds marins (1).

C’est fait. Le Felicity Ace a coulé hier 1er mars à 09h, heure locale.

Les témoins ont été d’une grande pudeur. Ils ont évité de diffuser les photos ultimes de cette grande carcasse calcinée et du magma de Porsche, de Lamborghini, de Bentley et d’Audi fondues dans le taudis de feu. Rendons grâce à MOL, l’armateur japonais, aux constructeurs automobiles et à l’Agence Européenne de Sécurité Maritime d’avoir ménagé les 3965 acquéreurs qui aux USA attendaient des nouvelles de leurs bijoux prestigieux et technologiques.

Dans certains cas, la discrétion s’impose et le voyeurisme est de mauvais aloi. En France, le préfet maritime de l’Atlantique et la CADA (Commission d’Accès aux Documents Administratifs) l’avaient déjà bien compris. Ils ont refusé de communiquer à Robin des Bois les vidéos sous-marines de la carcasse du Grande America, cercueil incendié et huileux de quelques voitures dont des Porsche (déjà) destinées au Brésil et de centaines de bagnoles destinées à l’Afrique. Le Grande America a fait naufrage le 12 mars 2019 dans le golfe de Gascogne à l’intérieur de la Zone Economique Exclusive française.

Pour le Felicity Ace, la traversée de l’Atlantique s’est arrêtée à mi-chemin.

Après avoir étudié les dernières tendances du marché automobile et les ventes du groupe Volkswagen aux USA, Robin des Bois estime qu’au moins 400 voitures à bord du Felicity Ace étaient des véhicules électriques ou hybrides équipés de packs de batteries au lithium chargées au moment du départ de Hambourg à 75%. Les batteries au lithium méritent le prix Nobel de l’incendie ou de la magie. Elles sont capables de reprendre feu quelques semaines après avoir été éteintes, elles dégagent un flux thermique inégalable et une chaleur intense dépassant 1000 °C.

© Marinha Portuguesa

Les dernières photos disponibles du Felicity Ace montrent une coque extérieure rongée par la fournaise et une perte de métal considérable. Le Felicity Ace avant de sombrer était une épave en tôle ondulée et aucun port n’aurait accepté de l’héberger. Il était en cours de remorquage vers nulle part. Il y repose par 3000 mètres de fond avec 1000 à 1500 tonnes de fuel de propulsion et avec sa concession sous-marine de voitures de luxe souillées par l’essence, les lubrifiants, les plastiques fondus, les Li-ions (lithium-ions) déchiquetés.

Sur les lieux de la catastrophe, la Marine portugaise a seulement observé « quelques débris et une petite nappe de résidus huileux dispersés par les jets d’eau des remorqueurs. »

La trajectoire du Bear en charge du remorquage du Felicity Ace démontre qu’en dernier ressort il a été décidé d’éloigner l’épave le plus possible de l’archipel des Açores. Le Felicity Ace est au fond de la mer, une soixantaine de kilomètres à l’extérieur de la Zone Economique Exclusive portugaise. Sauf si des boulettes d’hydrocarbures viennent s’échouer en quantité sur le littoral des Açores, on n’entendra plus guère parler du Felicity Ace.

(1) Un nouveau méga garage en feu sur l’océan, 18 février 2022

 

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