Fessenheim. Après la fission, la fusion

11 mars 2019

Quand sortir du nucléaire renvoie au nucléaire. Le projet de reconversion de la centrale nucléaire de Fessenheim tel qu’il est voulu par EDF et Orano (ex-AREVA) est de créer une usine sidérurgique accueillant pour la deuxième fusion des ferrailles radioactives issues du démantèlement ou de la maintenance d’Installations Nucléaires de Base et d’installations équivalentes basées en Europe. Pour ces promoteurs de l’énergie nucléaire et du retraitement des déchets radioactifs, l’Europe n’a pas de frontières et va jusqu’à l’Ukraine.

Dans un premier temps, le ballon d’essai lancé dans différentes instances comme le HCTISN (Haut Comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire), et son sous-groupe de travail sur les déchets dits TFA (Très Faible Activité) consistait à étudier la possibilité de recycler dans un Four Electrique à Arc (brevet CEA) les 136.000 tonnes de métaux des diffuseurs provenant de l’ex-usine d’enrichissement de l’uranium Georges Besse I au Tricastin dans la vallée du Rhône. Ce lot est présenté comme homogène et ne pouvant pas contenir des pics de radioactivité et il était envisagé de recycler ces métaux dans la filière nucléaire ou dans la filière énergie renouvelable. L’exemple des rotors des éoliennes industrielles a été cité.

Mais EDF et Orano, fidèles à leur stratégie, avancent à pas feutrés et annoncent depuis quelques semaines que le business plan de ce four expérimental serait rentable à la condition de traiter en 25 ans un minimum de 400.000 tonnes de déchets métalliques radioactifs. C’est pourquoi le duo envisage maintenant d’inclure dans le programme de fusion des métaux les générateurs de vapeur en fin de vie des centrales nucléaires et de faire appel au « vrac » radioactif des producteurs étrangers. Ces 400.000 tonnes qui représentent donc la charge minimale du four produiraient des rejets atmosphériques et 30 à 40.000 tonnes de scories radioactives, une nouvelle catégorie de déchets made in France.

Le business plan de l’opération table aussi sur une revente des métaux de deuxième fusion dans les marchés conventionnels en France ou à l’étranger et induit donc un risque supplémentaire d’injection de métaux radioactifs dans les biens de consommation courante. Fessenheim risque de devenir une poubelle mondiale du bric-à-vrac radioactif.

 

 

 

 

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