Fête du cinéma : Gaumont présente sa superpollution

29 juin 1998

Depuis février 1998, Gaumont Cinéma tourne un film catastrophe dans la banlieue du Havre sur les communes d’Harfleur et de Montivilliers, en bordure de la Lézarde, la rivière locale, et du centre commercial du même nom.

Scénario :
Gaumont Cinéma achète en 1996 une parcelle de 2 hectares pour la somme de 7 millions de francs. Cette parcelle, grâce aux observations des riverains et de Robin des Bois, se révèle être une décharge sauvage exhaussée par des boues toxiques extraites du fond de la rivière contaminée et des résidus de l’incinérateur vétuste et brûle-tout de l’agglomération urbaine et industrielle du Havre.

Le Préfet de Seine-Maritime émet le 3 mars 1998 un arrêté préfectoral obligeant Gaumont à effectuer dans le cadre de la législation sur les sols pollués une évaluation simplifiée des risques. Le guide méthodologique de ces investigations est mis au point par le BRGM. Gaumont confie l’analyse à Antéa, filiale du BRGM, et consultant de Gaumont pour l’implantation à Saint-Denis à côté du Stade de France d’un de ses complexes cinématographiques.

Début mai, Antéa en arrive à la conclusion que les 13.000 tonnes de mâchefers et de cendres ne constituent pas un danger pour l’environnement, la Lézarde, les ouvriers du chantier, les eaux souterraines ou superficielles. Robin des Bois proteste et reçoit une lettre d’intimidation de la Présidence d’Antéa menaçant l’association de procès. Cependant, fin mai le rapport remanié d’Antéa permet le classement du site en classe I. Il devient un site prioritaire pour des investigations approfondies.

Le projet de nouvel arrêté examiné depuis le 2 juin 1998 par la préfecture élargit considérablement le spectre des recherches. Des études d’éco toxicologie sont mentionnées visant à décrire les voies et les effets des transferts des polluants vers l’homme, le patrimoine bâti, la faune, la flore. Suite aux conseils de Robin des Bois, il inclut au rang des paramètres à examiner les dioxines. En effet, les cendres des incinérateurs contiennent des taux relativement importants de dioxines et l’incinérateur du Havre au moment du remblaiement de la parcelle Gaumont n’était pas équipé d’un dispositif séparateur de mâchefers riches en sulfate, en arsenic et en métaux lourds et les cendres.

Il est donc particulièrement important d’évaluer les migrations des dioxines vers la rivière Lézarde, ses végétaux, sa microfaune et les poissons qui font l’objet d’une pêche de loisirs. – A titre d’exemple, les teneurs en dioxines des harengs de la Baltique sont si élevées que l’administration suédoise recommande aux riverains de ne pas en manger plus d’une fois par semaine et qu’elle en déconseille la consommation aux femmes enceintes et aux enfants – Mais le nouvel arrêté élaboré par la DRIRE – Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement – n’est toujours pas signé par le Préfet.

Et les travaux continuent, sur cette zone inondable qui serait devenue constructible grâce aux remblais toxiques. C’est du moins ce que prétendent les maires d’Harfleur et de Montivilliers séduits par les taxes professionnelles

 

 

 

 

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