Fontainebleau : l’UICN dans sa tour d’ivoire

2 nov. 1998

En 1994, l’UICN a commandité un rapport sur les conséquences de l’interdiction du commerce international de l’ivoire entrée en vigueur en 1990. Les conclusions douteuses de ce travail exclusivement réalisé par des experts nommés par l’UICN, WWF et Traffic ont servi de fondement au Botswana, au Zimbabwe, et à la Namibie pour obtenir à l’arraché la réouverture partielle du commerce international de l’ivoire et le déclassement des 3 populations d’éléphants (Loxodonta africana) concernées de l’annexe I à l’annexe II de la Convention de Washington. Cette convention porte sur le commerce international des espèces animales et végétales sauvages menacées d’extinction. C’est à Harare, Zimbabwe, que la décision fatidique a été prise le 19 juin 1997 dans le cadre de 10ème conférence plénière. L’UICN agit en tant qu’expert scientifique auprès de la Convention de Washington.

Depuis lors, conformément aux inquiétudes de la quasi-totalité des mouvements écologistes internationaux présents à Harare en tant qu’observateurs, et d’une majorité de pays africains et asiatiques abritant des éléphants, le braconnage et la contrebande ont ressurgi. Très éloignés des subtilités de vocabulaire et des circonvolutions diplomatiques et oratoires, les négociants ont interprété la décision d’Harare comme une réouverture totale du marché : “J’ai eu beaucoup de commandes cette année. Avec la suppression de l’interdiction ça repart beaucoup vers le Sud-Est asiatique, et même vers l’Europe. J’ai eu plusieurs commandes de France et d’Italie” nous déclarait en décembre 1997 au Cameroun un commerçant de Douala bien établi dans la filière ébène et ivoire.

De plus, la décision a été prise au moment le moins opportun, quand beaucoup de pays de l’aire de répartition, y compris le Zimbabwe, mènent des actions de guerre. En Afrique, les armées régulières et les mouvements clandestins troquent diamants, ivoire, peaux de félins et de reptiles contre armes et munitions.
Il n’a cependant pas échappé à l’UICN et à ses partenaires que sont le WWF et Traffic, que la réouverture officielle du commerce international devra attendre le 18 mars 1999 et dépend préalablement de l’application de 11 conditions, relatives pour l’essentiel à des accords trans-africains sur le renforcement de la lutte contre le braconnage et trafic illicite.

Robin des Bois demande à l’UICN de voter une motion d’urgence sur la suspension de la procédure de réouverture du commerce de l’ivoire.

 

 

 

 

Imprimer cet article Imprimer cet article