– Action de Robin des Bois
Depuis 14 heures, l’association Robin des Bois occupe la Grande galerie, au 5ème étage du Centre Pompidou pour protester contre les commentaires qui accompagnent une œuvre de Joseph Beuys “Die Hörner” composée de deux cornes de rhinocéros noir d’Afrique et de deux tuyaux ensanglantés.
Dans le catalogue Joseph Beuys édité par le Centre Georges Pompidou, Fabrice Hergott, commissaire de l’exposition, évoque “l’agrégation d’animalité, d’érotisme, et de primitivisme” dégagé par “l’œuvre la plus suggestive” de Beuys.
D’après le même Hergott, “Die Hörner” suggèrent que « les frontières entre pensée, parole, influx nerveux, sang, animalité et sexualité, les variétés d’êtres vivants et minéraux ne sont pas toujours infranchissables”.
Ceux qui, en Chine ou ailleurs, prêtent aux cornes de rhinocéros des effets copulatifs et aphrodisiaques ne diraient pas mieux.
L’introduction en France de 2 cornes de rhinocéros même sous la rubrique œuvre d’art exige un permis d’importation de la Convention de Washington portant sur le commerce international des espèces animales et végétales menacées d’extinction. Au cas où le Centre Pompidou aurait failli à ses obligations et importé frauduleusement ce trophée de chasse érigé par l’humour noir et vert de Beuys en œuvre d’art, “Die Hörner” devraient être immédiatement rapatriés dans leur pays d’origine.
Enfin, Robin des Bois demande au directeur du Centre Pompidou de retirer de l’exposition les commentaires libidineux illustrant l’œuvre de Beuys, réalisée en 1961 ou de les compléter à la lumière des informations qui suivent.
– L’extermination des Rhinocéros.
En Chine, à Taïwan, en Corée du Sud, à Singapour, en Thaïlande et en Inde, la médecine traditionnelle et les croyances populaires attribuent à la poudre de corne de rhinocéros des vertus curatives, anti-convulsives, fébrifuges et surtout des effets aphrodisiaques. A Taïwan, les prix de détail sont aujourd’hui de 10 000 dollars/kg à 60 000 dollars/kg selon l’origine africaine ou asiatique de la poudre.
Bien que le commerce international de tout produit ou dérivé de rhinocéros soit interdit par la Convention de Washington et qu’il soit interdit de chasser les rhinocéros dans tous les pays où ils survivent, le trafic clandestin se perpétue, notamment avec les cornes prélevées sur des rhinocéros braconnés en Afrique Centrale et embarquées en contrebande vers Taïwan ou Hong-Kong à partir des ports d’Afrique du Sud.
Aujourd’hui, la population mondiale des 5 espèces survivantes est réduit à environ 10 000 individus. Ils étaient environ 1 million au début du siècle.
Le sort des rhinocéros et leur disparition qui parait presque inéluctable sera l’un des enjeux majeurs de la prochaine réunion plénière de la Convention de Washington qui se tiendra à Fort Lauderlale en Floride du 7 au 18 Novembre 1994
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