Dans le Beaujolais, on produit plus d’eau polluée que de vin: l’Ardières, l’Azergues, la Vauxonne, la Mauvaise, le Maverand, le Nizerand, ces rivières qui traversent les vignobles sont sinistrées par les pesticides.
Diuron, aminotriazole, atrazine, terbuthylazine, glyphosate, norflurazon, oxadixyl, un cocktail d’herbicides et de fongicides utilisés en viticulture y est présent. Ils sont transportés vers les eaux de surface par le ruissellement des eaux de pluie sur les vignobles en coteaux. Quant à l’arsenic, autorisé comme fongicide agricole sous forme d’arsénite de soude jusqu’au 8 novembre 2001, et interdit à cette date avec effet immédiat pour raisons sanitaires, sa concentration dans les sédiments de l’Azergues atteignait 44mg/kg en février 2002, un chiffre supérieur à la valeur de constat d’impact d’un sol pollué pour un usage sensible. Les concentrations en pesticides mesurées à Lucenay classent l’Azergues et la Saône parmi les rivières ne pouvant plus satisfaire à la production d’eau potable, même avec filtration, et où la diversité biologique est affectée de manière importante. En aval de Villefranche, la Saône est dans la même situation. BAYER S.A. stocke plus de 300 t d’arsénite de soude retiré du marché dans son usine de Villefranche-sur-Saône.
Pendant la période des vendanges, la consommation d’eau et les rejets d’eau usées des bourgs viticoles sont mutipliés par 3 à 5. Les stations d’épuration collectives, sous-dimensionnées pour ces apports soudains et massifs, n’assurent alors plus aucun traitement. Le lavage des machines à vendanger, des caissettes, des pressoirs et des cuves génère de l’eau chargée de matières en suspension. Rejetées brutes dans les rivières, elles favorisent la prolifération des micro-organismes qui consomment l’oxygène de l’eau, et asphyxient les poissons. Toutefois les épisodes de mortalité ont tendance à se raréfier, car il y a de moins en moins de poissons dans les cours d’eau beaujolais.
De plus, la production des vins “nouveaux” ou “primeurs” utilise le soufre afin de contrôler la fermentation et d’assurer la conservation. Il est rejeté sous forme de dioxyde de soufre. Combiné avec l’oxygène, il se dissout dans l’eau pour former de l’acide sulfurique.
Des prêts sont accordés par l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse, les conseils régionaux Bourgogne et Rhône-Alpes, les départements de Saône-et-Loire et du Rhône, afin d’inciter les viticulteurs de Beaujolais à réduire leurs flux de rejets organiques. Des dispositifs de lagunage sont en cours d’installation chez des grands producteurs. Leur coût revient à moins d’1 centime par bouteille. Dans le Rhône, un programme de prévention des pollutions par les pesticides est engagé. Mais ces mesures récentes touchent peu les producteurs de petits cuvages, qui assurent près de 50% de la production. Des efforts supplémentaires doivent être engagés pour que la profession viti-vinicole, dans le Beaujolais comme dans toutes les régions de production, maîtrise sa consommation d’eau, de pesticides, et ses impacts sur l’environnement.
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